Une solution rapide est vivement souhaitable, comme de désigner, entre autres, un lieu où pourraient activer tous les jeunes chômeurs en toute légalité. Jamais la ville de Constantine n'aura été aussi encombrée que ces dernières années. De par son relief aussi atypique qu'ardu, elle étouffe littéralement sous ses chantiers lancés tous azimuts, entre autres, le tramway et le Trans-Rhumel. La circulation automobile se fait au forceps, et celle piétonne n'est guère mieux lotie. Dès l'aube, certaines places prennent des allures chaotiques. Mais du côté de la rue du 19 Juin (ex-rue de France), «c'est le jugement dernier», selon le mot d'un passant. Si vous commettez l'imprudence de vous y aventurer, n'espérez pas vous en extirper aussitôt. La moindre parcelle y est squattée par une faune de vendeurs informels. Ils viennent de partout, de Mila, Skikda, d'Oum El Bouaghi, sans compter toute la wilaya de Constantine. Des étals de fortune, débordants de pacotille chinoise, s'entassent pêle-mêle sur les trottoirs et sur la chaussée. Les prix, annoncés à cor et à cri, défient toute concurrence. Les commerces réglementaires implantés sur les deux côtés parallèles de cette grande artère sont ouverts, mais quasiment déserts. Toute la clientèle, surtout féminine, est plutôt attirée par le bazar à ciel ouvert. Les commerçants qui exercent dans la légalité, se disent catastrophés par cet état de fait. «C'est le chaos, depuis 20 jours, et nous sommes dans une impasse, car nous ne vendons plus rien, tout en étant tenus de nous acquitter de nos redevances: taxes, impôts, salaires des ouvriers… et ces derniers sont pour la plupart des pères de famille, ce n'est pas juste», déclarent-ils. Tous insistent sur la nécessité de mettre de l'ordre dans cette ville qui étouffe. Du côté des marchands à la sauvette, c'est la détermination farouche. Bachir, un jeune vendeur, n'en démord pas: «Pourquoi ne pourrais-je pas travailler ? Il faut bien que je fasse vivre ma famille. Que voulez-vous que je fasse d'autre, je n'ai aucun diplôme; il faut bien manger, non ?» Des doléances ont été soumises aux autorités locales par les commerçants légaux, dans lesquelles ces derniers dénoncent les préjudices engendrés par la situation, mais celles-ci leur ont conseillé de «patienter, car il y aura bientôt une solution». Pour les habitants de la rue du 19 Juin, leur appréciation des faits est comme suit: «Les choses vont au pourrissement. Tous les jours, de 7h à 17h, ce ne sont que rixes, agressions physiques et verbales, cohue et désordre, ce n'est plus une vie.» Quant aux bijoutiers, ils ont carrément retiré leur marchandise des vitrines de peur de se faire voler. Une mêlée extraordinaire !