Le FFS, le RCD, le FLN, le RND, le PT et le MSP sont suspendus au verdict des populations de la région de Kabylie et des autres wilayas, appelées à choisir aujourd'hui leurs représentants au niveau des institutions locales. Le suspense et le stress ont gagné déjà les directions politiques des partis qui auront à jauger leur popularité localement, mais aussi à l'échelle nationale, compte tenu de la particularité que revêt cette élection partielle aux yeux de toutes les formations en lice. En effet, de l'avis de tous les responsables des partis politiques, ces partielles ont des enjeux multiples. D'abord, elles constituent le tournant décisif en vue d'en finir avec une crise qui dure depuis quatre ans dans la région et une opportunité pour cette dernière de renouer avec la stabilité. La conquête du pouvoir local est aussi un enjeu d'extrême importance pour les forces politiques, notamment celles représentant le gouvernement, le FLN, le RND et le MSP, qui veulent mettre fin à la suprématie du FFS et du RCD dans cette circonscription du pays. En revanche, le tandem FFS-RCD accorde un intérêt plus particulier à ces joutes qui, ont-ils affirmé, sera une réponse plus claire au pouvoir central qui tente, depuis le début de la crise de Kabylie, de discréditer la formation de Hocine Aït Ahmed et celle de Saïd Sadi. Les partielles d'aujourd'hui ont de surcroît un autre cachet, à savoir la préparation des échéances législatives et locales de 2007. Qui aura le dernier mot ? Le FFS, parti majoritaire en Kabylie lors des locales d'octobre 2002, va-t-il préserver ses sièges et consolider sa position ? Jusque-là, le plus vieux parti de l'opposition est sorti vainqueur de toutes les élections auxquelles il a pris part en Kabylie, à l'exception des législatives de 1997 où il a été contraint de partager les sièges des députés dans la wilaya de Tizi Ouzou avec son rival, en l'occurrence le RCD. Cette fois-ci, le parti de Hocine Aït Ahmed doit rivaliser avec le FLN, parti majoritaire dans les institutions du pays, qui s'est présenté dans pratiquement toutes les communes de Kabylie. En tout cas, le FFS, selon Ali Laskri, premier secrétaire national du parti, reste confiant. « Nous avons terminé notre campagne électorale et nous avons constaté l'engouement de la population, notamment les jeunes qui ont renoué avec la politique », a-t-il affirmé. Toutefois, notre interlocuteur a soulevé un certain nombre de problèmes liés à l'organisation. Il s'agit des bulletins de vote qui ne portent ni le sigle du parti ni son numéro. « On ne facilite pas l'acte de vote aux citoyens. C'est une autre preuve que le pouvoir veut, non seulement discréditer les partis, mais aussi l'acte de voter dans la région dans le but de réaliser son projet de reconfiguration de la carte politique en Kabylie », a-t-il soutenu. La même critique a été faite par la porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune. Cette dernière a estimé que ces partielles ont un cachet particulier et ne sont pas banales, comme elles sont présentées par le gouvernement. Le RCD, un autre parti ancré en Kabylie, n'a pas pu cacher ses appréhensions quant aux projections du pouvoir de détourner la volonté populaire. « Le saccage de notre siège à Azazga (Tizi Ouzou) et l'agression de trois étudiants, militants du RCD, renseignent déjà sur le climat instauré dans la région », a lancé Mohamed Khendak, chargé de la communication au RCD. Le RCD comme le FFS exhortent les gens à être présents dans les bureaux de vote lors du dépouillement afin d'éviter toute tentative de fraude. Le FLN, pour sa part, compte beaucoup sur ses électeurs traditionnels dans la région. Selon Annan Riadh, député du parti à l'APN, le FLN n'a aucune crainte et respectera la volonté populaire. « Nous n'avons pas peur de cette élection. Nous avons notre électorat traditionnel dans la région qui nous est resté fidèle. Nous visons l'électorat des formations politiques qui sont en difficulté dans la région », a-t-il indiqué. Le MSP espère que cette élection se déroulera dans le calme et la transparence. Quant au RND, dont les responsables étaient injoignables hier, il tente de se présenter comme « une alternative ». Les partis politiques seront concurrencés dans ces élections par les listes des indépendants qui sont présents en force dans la majorité des communes. Quel sera le verdict populaire pour les partis politiques ?