Ils étaient quelques milliers de manifestants dans les rues de Béjaïa à avoir marché la matinée du samedi 29 janvier demandant d'une seule voie le départ du régime en place. Le RCD a ainsi réussi à mobiliser plus qu'il n'a pu le faire ces dernières années. Son action a eu le soutien des étudiants qui se sont constitués en un comité pour «la sauvegarde et la citoyenneté», des lycéens structurés en une coordination et de l'association des victimes d'octobre 88. L'esplanade de la maison de la culture a été noire de monde. La marche s'y est ébranlée après l'arrivée des étudiants qui ont initié une marche à partir du campus universitaire de Targa Ouzemmour. Une voiture drapée de l'emblème national a devancé les marcheurs organisés en carrées. Des députés, et autres élus du parti de Sadi étaient en tête de la marche ponctuée par des banderoles et des pancartes à la même revendication : celle du départ du régime. Pas un seul élément des forces de maintien de l'ordre dans la rue. Ils se sont faits discrets. Seuls quelques agents de circulation sont visibles. Les policiers en civil, eux, sont en nombre. C'est au rythme de slogans criés, parfois chantés, que les marcheurs ont traversé le boulevard de l'ALN pour arriver jusqu'au siège de la wilaya où une scène avec sonorisation a été mise sur pied. Des lycéens et étudiants s'y sont reliés pour prendre la parole. «Nous sommes les enfants de ce pays, c'est notre avenir qui est en jeu. Nous voulons un changement radical» déclare, au micro, un jeune lycéen. «Nous demandons le départ du régime. Nous en avons marre» renchérit une étudiante. «C'est un jour d'indépendance pour nous, et un jour sombre pour Bouteflika, Ouyahia et tous ceux qui ont squatté le pays» lance le sénateur de Tizi Ouzou, M. Ikherbane qui estime que «le jour est arrivé pour que le régime parte». Il promet que le 12 février prochain, date de la marche de la coordination nationale pour le changement et la démocratie, «nous serons des centaines de milliers dans les rues d'Alger». «Le monde verra que le peuple algérien n'est pas démissionnaire» ajoute-t-il. «Nous demandons le départ du système et de tous ceux qui l'incarne» lance le député et chef du groupe parlementaire Athmane Maâzouz. Pour le député Boubekeur Darguini, cette marche du RCD a démontré que «la rue est pour un idéal démocratique». «Nous sommes interpellés et le RCD a pris ses responsabilités» déclare-t-il en promettant, de son coté, que le 12 février «le régime va trembler». «Nous avons voulu marcher pacifiquement à Alger. La seule réponse du régime a été la répression» déplore le député Maâzouz qui soutient qu'il «n'y a pas que la lutte qui paye». «Occupons la rue et demandons le départ du régime» conclut-il.