Tous les parlementaires du FLN ont été appelés, hier, à une réunion au siège du parti, à Hydra. La rencontre, à laquelle étaient présents les ministres du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, et de l'Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia, n'avait rien d'ordinaire. Même si la veille, la direction de l'ex-parti unique avait fait une large campagne de communication invitant la presse à couvrir l'événement, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, ministre et représentant personnel du président Bouteflika, en a décidé autrement. Affichant un large sourire en entrant dans la salle de réunion, il commence d'abord par une mauvaise plaisanterie en invitant les journalistes «à intégrer» le groupe parlementaire de son parti. Il en rajoutera une couche en montant à la tribune. Brouillant l'ordre du jour de la réunion, Belkhadem annoncera pêle-mêle des thématiques aussi diverses que variées allant des projets des codes communal et de wilaya, des propositions sur la réforme de la fiscalité à «ce qui s'est passé ces derniers temps dans la région, pas uniquement en Algérie», selon ses propres propos. Le secrétaire général du FLN, visiblement dérangé par la présence des journalistes dans la salle, ne délimite pas sa zone d'intérêt géographique. Il décide alors de solliciter les députés, leur demandant s'ils acceptaient la présence de la presse aux débats à bâtons rompus sur la question. Sans donner le temps à ses élus de réagir, il tranche en disant qu'il n'y a rien de nouveau à annoncer et prie les représentants de la presse d'évacuer les lieux. Belkhadem impose sans tarder le huis clos. Un huis clos impromptu, injustifié surtout en cela que les débats devaient porter sur la situation du pays et non pas sur les histoires «FLNo-FLN» qui se sont d'ailleurs dissipées depuis les dernières émeutes qu'ont connu plusieurs wilayas. Le FLN a pris donc la décision d'entourer de secret sa rencontre d'hier. Mais qu'est-ce qui a motivé une telle mesure ? L'opinion publique aurait bien aimé connaître comment le parti qui préside aux destinées du pays depuis l'indépendance perçoit lui-même ce qui s'y passe actuellement. Belkhadem a même fait appel à des sociologues et à des politologues pour faire le diagnostic d'une situation dans laquelle sa formation doit assumer une grande responsabilité pour avoir été, au moins durant la dernière décennie, partie prenante dans l'Alliance présidentielle et majoritaire au sein des instances élues dont beaucoup aujourd'hui revendiquent leur dissolution. Mais sait-on, au FLN, que le fait de faire appel à des politologues est un aveu que les émeutes et la crise que traverse le pays ne sont pas sociales, mais éminemment politiques ! Par ailleurs, en plus du huis clos auquel a été soumise la rencontre du groupe parlementaire du FLN, Belkhadem donnait l'impression de fuir les médias pour ne pas répondre à des questions qui fâchent, comme celle concernant l'invitation en Algérie de l'islamiste tunisien Rachid El Ghanouchi, ou ses annonces contradictoires portant sur le changement de gouvernement.