Jolie boucle dans les pures tautologies algériennes, dans un entretien fleuve mais à sec, DOK, le ministre de l'Intérieur, vient de rappeler qu'une marche qui ne réunit que 300 personnes n'est pas représentative. Alors que la marche a été interdite par lui, Alger fermée par lui, des bus arrêtés par la police et donc par lui, et des manipulations grossières ont été déployées en boucle sur les médias publics et des journaux privés à fort tirage pour décrédibiliser les initiateurs de la marche. DOK a tout fait pour interdire et réduire la marche, pour pouvoir dire ensuite qu'elle est réduite. La boucle est bouclée, l'exercice réussi. Après, il faudra se poser juste quelques questions : si la marche n'est pas représentative, pourquoi déplacer 15 000 policiers et faire peur à tout le monde ? C'est que le ministre fonctionne à l'envers et fait des raisonnements a posteriori. On interdit une marche pour ensuite la juger minime. On ferme tous les canaux d'expression pacifique pour demander ensuite à ce que l'expression soit pacifique. DOK n'est d'ailleurs pas seul à s'adonner à ce jeu, il suit la feuille de route du gouvernement, qui apporte généralement un problème après sa solution. Après avoir expliqué les émeutes par le sucre et son prix trop élevé, Benbada, le ministre du Commerce, a demandé à ce que les prix des raffineurs nationaux soient augmentés pour aider les importateurs. DOK n'est donc pas seul, mais il est quand même l'un des meilleurs ; après les émeutes, il avait exigé de récupérer tous les pneus usagés du pays pour éviter que des émeutiers ne les brûlent. Il y a pourtant beaucoup de choses à brûler : un placard administratif, un dossier sans suite ou une langue de bois. On peut même se brûler soi-même par immolation. Justement, prochaine étape : DOK va retirer tous les gens du pays pour ne pas qu'ils se brûlent. Dès qu'il règle le problème du lieu de stockage.