Il n'est pas besoin d'être grand clerc, ou bien si ça vous agrée, cheikh dûment enturbanné, pour relever la déliquescence avérée dans laquelle pâtit une large couche de notre société. Les jeunes, puisque c'est d'eux et de leur dénuement qu'il s'agit, sont, n'en doutons guère, revenus depuis longtemps des promesses ronflantes tant de fois rabâchées par nos responsables. Infatués qu'ils sont de leur ego boursouflé, ils ont négligé cette partie importante de tout temps chantée par leurs clientèles empressées. Au même âge, il n'y a pas moins d'une décennie, leurs aînés formulaient par pirouettes assassines et autres graffitis, ainsi que par des blagues bien grincheuses, dont ils sont passés maître avant de lever le pied, leur désarroi. Ceux-ci (les aînés) exécutent toute cette « littérature », puisque c'en est assurément une, pour croquer au vitriol leur vécu affligeant et leurs rêveries de promeneurs endurcis et de hittistes solitaires de toujours. Ils semblaient, pendant cette époque pas si lointaine qu'on le pense, avoir trouvé la parade en calquant, par moments, leurs faits et gestes sur les mœurs ringardes des tchi-tchi, le mot n'est plus « in ». La dernière trouvaille de nos jeunots d'aujourd'hui, à peine sortis de l'enfance, est ces scooters sciemment « mutilés » lancés à toute vapeur dans les rues et venelles des quartiers populeux de la capitale. Ces jeunes ne roulant pas, loin de là, des mécaniques se contentent pour se griser de ces machines à deux roues qu'ils aménagent à leur manière. Comment peuvent-ils s'offrir de meilleurs engins, eux qui n'ont quoi mettre sous la dent et restent pour la plupart victimes de la promiscuité criante dans ces masures qui leur tombent par pan entier sur la tête ? Ils enfourchent, pour toute réponse, de ces petits machins qu'ils ont, Robin des bois des temps présents, le flair en moins, en partie façonnés. Une sociologie à la petite semaine ne mènerait pas loin pour expliquer le phénomène qui prend de l'ampleur. Ces jeunes diront que par cette manière de faire, ils ne veulent aucunement nuire à la petite ménagère ou au grand frère le « frérot », mais s'affirmer devant tant de mépris à leur encontre. Point.