Alors que la crise que traverse l'Autorité palestinienne semble loin de son terme, les colons et les activistes israéliens de l'extrême droite se mobilisent pour faire face au plan de séparation unilatéral du Premier ministre Ariel Sharon. Ce plan comporte l'évacuation de la bande de Ghaza et le démantèlement de 21 colonies juives, bâties sur des terres confisquées aux citoyens palestiniens. Près de 8000 colons entourés de plus de 1 200 000 Palestiniens vivent dans cette partie des territoires palestiniens. Cette poignée de colons, connus pour leur haine et leur racisme envers les Palestiniens, jouissent d'une protection continue de l'armée israélienne. Ils occupent près de 40% des terres les plus riches de la bande de Ghaza. Ils contrôlent, par ailleurs, plus de la moitié des sources d'eau douce de cette région. Une partie de ces eaux est utilisée dans l'agriculture et les innombrables piscines, au sein même des colonies, alors que le reste est pompé vers Israël, qui en revend un certain quota aux Palestiniens. Ces colons, dont l'idéologie est basée sur la domination juive de toutes les terres de la Palestine historique, qui représentent pour eux le grand Israël, s'opposent à tout retrait, aussi minime soit-il, des territoires palestiniens occupés. Ayant qualifié le plan de Sharon, de plan de destruction des colonies juives, ils ont formé, dimanche, une chaîne humaine longue de près de 90 km, qui s'est étendue du nord de la bande de Ghaza jusqu'au mur des Lamentations, au pied de l'esplanade de la mosquée d'El Aqsa, dans la vieille ville sainte, occupée depuis 1967. Des dizaines de milliers de personnes ont participé à cette manifestation. D'un autre côté, et comme si le but était de préparer la communauté internationale à la destruction de la mosquée d'El Aqsa par les extrémistes juifs, Tsahi Hanegbi, le ministre israélien de la Sécurité intérieure, a déclaré qu'il y avait « un risque plus élevé que jamais » d'un attentat contre l'esplanade des mosquées. Un avion sans pilote bourré d'explosifs, ou un avion piloté par un kamikaze juif sera utilisé dans cette opération, dont le but est l'édification du Temple de Salomon, à la place de ce lieu saint de l'Islam. Jamais la menace contre la mosquée d'El Aqsa n'a été aussi sérieuse et précise. Hanegbi a indiqué aussi qu'un tel attentat sera utilisé par les extrémistes juifs pour entraîner une « réaction en chaîne » dans le but de torpiller le plan de retrait de Sharon. Un tel scénario enflammera encore plus cette région, connue pour son instabilité chronique. Il n'est pas exagéré de dire que les retombées d'un tel acte auront une dimension planétaire. Sur le terrain, six membres des Brigades des martyrs d'El Aqsa, la branche armée du Fatah, ont été tués par l'armée israélienne, dimanche à Toulkarem, en Cisjordanie occupée. Dans la même journée, les hélicoptères d'assaut israéliens ont lancé deux raids, à quelques heures d'intervalle, sur une même maison, dans le quartier Ezeitoun. Ce quartier populaire de Ghaza est considéré comme l'un des bastions des mouvements radicaux palestiniens. Selon l'armée israélienne, cette maison servait d'atelier de fabrication de roquettes artisanales de type Qassam, utilisées par les militants palestiniens contre les colonies juives et les villes israéliennes proches de la bande de Ghaza, comme la ville de Sderot, où deux Israéliens avaient été tués par ces roquettes, le mois passé. Cet incident a été utilisé par l'armée israélienne comme prétexte de l'occupation de la localité de Beit Hanoune au nord de la bande de Ghaza. Pas moins de six Palestiniens ont été blessés par balles à Khan Younès. Devant ces dangers imminents, la crise palestinienne, qui prend l'allure d'une lutte sans merci pour le pouvoir, semble bien ridicule.