L'administration peine à contenir le flot des demandeurs d'emploi. L'antenne de l'Ansej de Tipasa est soudainement devenue une destination incontournable pour des milliers de jeunes en quête d'une voie, qui les mène vers des horizons meilleurs. Entre le discours politique et la réalité du terrain, l'écart est important. Cet état des lieux amène les jeunes à ne plus croire en la mise en application des belles phrases des décideurs. Les jeunes se plaignent des lourdeurs bureaucratiques, et les institutions se rejettent la responsabilité. L'Ansej de la wilaya de Tipasa avait enregistré au 31 décembre dernier, le dépôt de 14 191 dossiers. Cependant, 2300 dossiers seulement avaient bénéficié du financement de l'Ansej depuis 1998. A titre indicatif, croyant aux promesses et aux discours, 2100 jeunes se sont précipités pour déposer leurs dossiers durant les deux premières semaines du mois en cours. «Nous nous sommes organisés ici à Tipasa pour recevoir les dossiers dans la matinée et les traiter dans l'après-midi, déclare le directeur de l'Ansej de Tipasa, nous récupérons en moyenne 300 dossiers chaque jour», ajoute-t-il. A la suite des nouvelles mesures prises par le gouvernement, des jeunes filles et garçons affluent par centaines pour déposer leurs dossiers notamment dans la filière du transport, dans le but d'acquérir des véhicules de transport de marchandises ou des véhicules de transport de voyageurs. «C'est le secteur qui accapare le plus grand taux des dossiers déposés, nous confirme le directeur de l'Ansej de Tipasa, viendront ensuite celui des prestations de services et du bâtiment», enchaine-t-il. L'Ansej de Tipasa se plaint en revanche du temps mis par la CNAS pour répondre à ses courriers. C'est intolérable pour l'administration et insupportable pour les jeunes. Les dossiers sont transmis depuis l'Ansej à la CNAS de Koléa par borderaux. «Déjà presque 800 dossiers se trouvent dans les bureaux de la CNAS depuis plus de 10 jours», explique le responsable de l'Ansej de Tipasa, les jeunes sont pressés de voir leurs dossiers complétés par les attestations de non affiliation à CNAS. «Je dois vous avouer qu'au sujet de la Casnos, cela marche bien, alors que je m'apprête à envoyer 1000 autres dossiers à la CNAS, et nos bureaux sont constamment pris d'assaut par ces jeunes. Je comprends l'attitude de nos jeunes, mais je dois me conformer à la réglementation pour faire passer les dossiers en commission», conclut-il. L'antenne Ansej de Tipasa manque terriblement d'effectif pour faire face au flux des jeunes. «J'ai assez d'espace», nous indique le responsable. Contacté par nos soins, le directeur de la CNAS de Koléa affirme que ses services travaillent normalement. «Suite aux dernières directives de notre tutelle, déclare le directeur de la CNAS, nous avons consacré une journée pour traiter les dossiers de l'Ansej», ajoute-t-il. «Vous savez qu'il y a des milliers d'autres personnes qui demandent ces attestations, nous fonctionnons avec les moyens dont nous disposons, mais je suis heureux que les médias nous permettent d'intervenir, car nous travaillons dans la transparence totale et faisons tout ce que nous pouvons pour éviter ces lenteurs», conclut-il. Par ailleurs, des jeunes qui veulent acquérir des embarcations n'arrivent plus à supporter la situation dans laquelle ils se trouvent. L'Ansej rejette leurs dossiers, car il leur ai exigé de présenter dans leur dossier l'autorisation d'acquisition d'un bateau de pêche délivrée par la commission du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques à Alger. Les jeunes devront fournir un autre dossier qu'ils déposeront au niveau de la direction de la pêche de la wilaya. Celle-ci le transmet par la suite à Alger. En dépit de tous les discours officiels mielleux, la colère des jeunes ne cesse de grandir au milieu des méandres des montagnes «bureaucratiques». Quant aux banques, elles demeurent sceptiques, car les promoteurs chanceux qui remboursent leurs crédits sont très rares, selon un chef d'agence d'une banque publique.