L'ancestrale et célèbre place du marché est le centre même de toute l'activité du Mzab. C'est un vaste rectangle qu'entourent des magasins et maisons à arcades, aux fenêtres étroites et fort discrètes, ce qui permet de voir sans qu'un regard indiscret puisse pénétrer dans l'intimité de la vie mozabite. Un spectacle que des siècles et des siècles n'ont pu encore modifier. Au milieu de cette place du marché se trouve cette Haouita, c'est la réunion de 24 grosses pierres incrustées dans le sol, en forme de croissant. Les membres de la djemaâ ou les notables élus par la mosquée s'asseyaient jadis à l'intérieur, afin de réguler les transactions commerciales venues de l'extérieur et ordonner la vente aux enchères à la criée. S'appuyant sur ces pierres réputées être présentatrices des 24 fractions du Mzab et de ses chefs réputés, parmi lesquels, nul délibérant n'osera être de mauvaise foi. L'endroit aujourd'hui ne sert plus aux réunions de la djemaâ, un sordide marché l'a envahi, heureusement que les grosses pierres sont toujours là, et ont conservé leur symbolique. On les respecte, pour qu'elles ne disparaissent pas. Cette Haouita était, en quelque sorte, le symbole de la hiérarchie mozabite, un local officiel à ciel ouvert, pour l'administration de la ville. Cette place du marché était calme, c'était un lieu de rencontres, d'échange d'informations, de transactions commerciales, de distraction et de fête (le folklore notamment la fantasia). C'était un espace respectable où, contrairement à ce que l'on constate en ce moment, avec son envahissement par tous les types de commerces à commencer par les marchandises de la contrebande sordide bric-à-brac, seuls les produits artisanaux se monnayent à travers des ventes aux enchères à la criée apprêtées en chaque début de matinée, par un notable dûment désigné par la mosquée. Aujourd'hui, vu la mauvaise gestion de cette place du marché, qui résulte de son utilisation incompatible avec son statut, les autorités locales en collaboration avec l'Office de protection et de promotion de la vallée du Mzab, de la direction de la culture, et des services techniques de la wilaya ont enfin mis les bouchées doubles, en optant pour sa réhabilitation et à sa restauration. Un surprenant programme d'aménagement et d'embellissement lui est réservé. Il a été entrepris depuis quelques mois, dans le cadre de la relance économique, pour une enveloppe globale de plus de 15 millions de dinars.