Ghardaïa, c'est d'abord toute une histoire qui retient l'attention de tous ces visiteurs même à travers une simple monographie.A Ghardaïa, c'est aussi la religion qui s'impose comme l'une des dominantes de la culture. « Les bonnes mœurs valent mieux que la science, le bien commun passe avant le bien individuel », tel est l'emblème des Mozabites. A Ghardaïa, c'est aussi cette abondance des beaux sites touristiques qui en est une manifestation, à l'image de cette célèbre place du marché, qui est le centre même de toute l'activité du M'zab. C'est un vaste rectangle qu'entourent des magasins et maisons à arcades, aux fenêtres étroites et fort discrètes, ce qui permet de voir sans qu'un regard indiscret puisse pénétrer dans l'intimité de la vie mozabite. Un spectacle que les siècles n'ont pu encore modifier. Au milieu de cette place du marché se trouve cette « haouita ». c'est la réunion de la « djemaâ » où des célèbres notables élus par la mosquée s'asseyaient jadis à l'intérieur, afin de régler les transactions commerciales venues de l'extérieur et ordonner la vente aux enchères à la criée, s'appuyant sur ces pierres qui ont aussi une valeur inspiratrice d'être présentatrices des fractions du M'zab et la valeur significative de ses chefs réputés, parmi lesquels, nul délibérant n'osera être de mauvaise foi. Aujourd'hui, l'endroit ne sert malheureusement plus aux réunions de la djemaâ ni à la vente aux enchères, le « trabendo » l'a envahi. Fort heureusement, les 25 grosses pierres ont conservé toute leur symbolique importance ; on les respecte, pour qu'elles ne disparaissent pas. Cette « haouita » était, en quelque sorte, le symbole de la hiérarchie mozabite, un local officiel en plein air pour l'administration de la ville. Jadis, cette place du marché était calme, elle servait de lieu de rencontres, de distractions et de fêtes (la zorna et la fantasia exigent). Contrairement à ce qui se produit, en ce moment, avec l'envahissement de tous types de commerces : du sordide bric-à-brac à l'électronique, CD et portables, en passant par la friperie de toutes sortes. c'était un espace saint. Seuls les produits artisanaux se monnayent à travers des ventes au enchères à la criée, apprêtées en chaque début de matinée par un notable dûment désigné par la mosquée. Au vu des mauvaises conditions de travail observées sur cette place du marché, qui résultent de son utilisation incompatible avec son statut, les autorités locales en collaboration avec l'Office de protection et de promotion de la Vallée du M'zab (OPPVM), de la direction de la culture de la wilaya et du bureau URBAT, spécialisé en architecture, ont mis les bouchées doubles, en optant pour sa réhabilitation et à sa restauration, un programme d'aménagement et d'embellissement très singulier déjà réservé et entrepris depuis quelques mois, dans le cadre d'un plan spécial de financement de l'ordre de 18 millions de dinars. Toutefois, selon Zoubir Balallou, directeur de l'Office de protection et de promotion la Vallée du M'zab, cette louable action ne cesse de trouver des échos favorables chez les citoyens. En fait, il ne s'agit là, que d'avoir « rendu à césar ce qui lui appartenait ». Car, elle viendra d'une part, restituer à cette place du Marché, classée en 1985 comme patrimoine de l'Unesco, sa vraie notoriété, perdue depuis longtemps, à cause de certains individus étrangers à la ville, voulant à tout prix défigurer cette éventaire de la capitale du M'zab et altérer son style architectural mondialement connu.D'autre part, elle restituera au souk sa célébrité ainsi que sa vocation primitive et son caractère de ventes traditionnelles conformément à son statut, à savoir l'exclusivité de la vente aux enchères des produits artisanaux de de lainage : tapis, burnous, cachabias, laine en vrac ou toutes sortes d'aliments secs, tels que les cacahouètes, fèves, blé, orge, maïs, etc. En ce moment précis, il ne va pas sans dire que cette place du marché est enfin réhabilitée et convenablement restaurée grâce à la volonté des hommes et au chef-d'œuvre d'une célèbre pierre taillée connue de la région. Elle vient d'être récemment visitée par Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, lors de sa récente visite à Ghardaïa. Elle n'attend donc qu'à être protégée par les autorités locales, de ces squatters illégaux de vente à la sauvette. Espérons que césar a bien trouvé son bien et que la place du marché, à son tour, retrouvera aussi sa souveraineté.