Après le sit-in devant le ministère de l'Enseignement supérieur, l'annulation du décret présidentiel, voilà que la colère estudiantine se propage à Bouzaréah après l'agression d'une jeune fille dans l'enceinte de l'université. Alors que les facultés et grandes écoles sont sommées de passer les examens, la reprise des cours ne fait pas l'unanimité. Les étudiants de l'université de Bouzaréah ne décolèrent pas. Hier, tous les départements étaient gelés. Il n'y a pas eu cours depuis mercredi, et ce, jusqu'à mardi prochain. La protestation s'est déclenchée suite à l'agression de la jeune étudiante Sabrina, mercredi à l'intérieur de l'université. La corporation estudiantine en a profité pour établir une plateforme de revendications sociopédagogiques. Les étudiants se sont structurés en collectif autonome pour se défendre et demander leurs droits. Revendications : le renforcement de la sécurité dans le campus et l'ouverture du concours de magistère toutes spécialités confondues, ainsi que la facilitation d'accès au master. Le recteur de l'université tiendra demain une réunion avec les enseignants et les étudiants pour étudier les termes de cette plateforme. L'association Nedjma insiste, dans une déclaration rendue publique hier, sur le problème de «l'insécurité qui prévaut depuis des années ainsi que d'autres problème sociopédagogiques d'où la nécessité de l'auto-organisation des étudiants pour faire face aux attaques libérales menées contre l'université publique». «Tout est bloqué et nous continuons notre grève. Il est temps que le ministère nous écoute», témoigne Mounir, étudiant.
«Le bébé de l'Etat» A l'USTHB, les réunions et les assemblées générales des étudiants se poursuivent. Les post-gradués veulent cesser toutes les activités pédagogiques. Il est question, en principe, d'arrêter toutes les heures supplémentaire et les vacations assurées, une manière de mettre plus de pression pour ouvrir les postes budgétaires. «Nous somme tenus de ne pas enseigner ni d'encadrer. Une déclaration sur l'honneur circule dans les facultés et chacun de nous est prié de la signer», affirme-t-on. Selon Farid Cherbal, enseignant à la même université, «ces horaires supplémentaires ont tout simplement abîmé le ratio qui devait être recruté». Hier une réunion avec le recteur s'est tenue avec les délégués post-gradués pour finaliser certains détails, étant donné que le décret 10-315 n'a pas encore été remplacé et les autres revendications (moyens de recherches, recrutement, le maintien de la post-graduation...) doivent être sérieusement étudiées. Pour les ingénieurs de la même université et des autres écoles, c'est le gel de la grève. L'administration affiche déjà la date des examens. Cette semaine plusieurs assemblées générales seront organisées par les enseignants. A l'université Houari Boumediene de Bab Ezzouar, elle est prévue le mercredi alors qu'à Blida, elle se tiendra demain pour soutenir les étudiants dans leur mouvement autonome pour la revalorisation de leurs diplômes. Il faut dire que même les enseignants bloquent le LMD. Ils disent de ce système comme étant «le bébé de l'Etat». Les enseignants de l'USTHB dénoncent la répression, se félicitent de l'abrogation du décret et se disent solidaires avec les étudiants en grève. Ils demandent au ministère d'ouvrir les portes du dialogue aux grévistes.