Une concurrence déloyale est engagée contre les marchands légaux avec la complicité des pouvoirs publics. Engager des milliards pour retaper à neuf une vieille bâtisse centenaire du marché municipal des fruits et légumes de la ville de Médéa sans pour cela améliorer une situation embarrassante qui prévaut encore sur ces lieux très fréquentables par la population, c'est justement jeter l'argent du contribuable au fond d'un gouffre. Cet investissement opéré n'a pas été d'un grand intérêt, étant donné que les commerçants qui devaient se réinstaller dans leurs nouveaux stands après deux ans de travaux, boudent toujours les lieux et refusent d'exercer leur activité commerciale au milieu de cette cacophonie. Très frustrés, ces marchands de fruits et de légumes ne cachent pas leur mécontentement. Ils nous ont confié, à cette occasion, qu'ils ne veulent pas retomber dans les erreurs du passé qui ont été fatales au petit commerce légal, car tous les commerçants ont déserté durant cette époque leurs stands et se sont installés à l'extérieur de l'enceinte du bâtiment en question. Certains commerçants nous ont déclaré : «Comment accepter ce coup bas en nous enfermant à l'intérieur de la bâtisse dont les issues d'accès sont obstruées et barricadées par des étalages de fortune du commerce informel ? C'est nous condamner d'avance à une mort à petit feu.» Un autre marchand clame haut et fort : «Avec ce cloisonnement, à qui devons-nous vendre nos produits qui sont périssables devant cette concurrence déloyale imposée par des marchands informels faisant barrage aux clients au seuil de la porte d'entrée, alors que nous subissons le payement des charges importantes au quotidien. On doit débourser chaque matin les frais du loyer, de l'électricité et des impôts avant tout encaissement». Selon ces contestataires, ils se sont plaints à maintes reprises auprès des autorités locales, mais en vain. Interrogés à ce sujet, les élus de l'APC de Médéa donnent une lecture sociale de la situation actuelle pour justifier leur silence, car ils précisent qu'ils ne peuvent compromettre le gagne-pain de plusieurs jeunes chômeurs sans leur trouver un palliatif dans l'immédiat. L'espoir, selon ces mêmes membres de l'APC, repose sur le projet de la nouvelle construction à deux étages à proximité du site dont l'enveloppe vient d'être accordée. En attendant, les habitués des lieux qui font leurs emplettes au quotidien, continuent à subir les conséquences et les supplices de la pagaille et de l'insalubrité du marché qui, malheureusement, est une destination privilégiée pour les pères de famille, compte tenu des avantages qu'offrent les commerçants du point de vue de la fraîcheur des produits et les prix pratiqués. Il a noté que cet espace est infréquentable par la gent féminine au motif de l'insécurité et l'hostilité de l'endroit, mais également parce qu'il est dépourvu d'un parc de stationnement.