Le niveau des créances improductives au sein des banques publiques demeure relativement élevé, malgré la prudence, parfois outrancière, dont font souvent montre les banquiers, s'agissant de l'octroi de crédits à l'investissement. Ainsi, selon les chiffres avancés par le ministre des Finances, Karim Djoudi, lors d'une récente intervention à la Télévision nationale, les créances improductives représentent quelque 35% des portefeuilles de créances des banques. De son côté, le président de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), Djamel Bessa, a souligné, la semaine dernière sur les ondes de la Radio nationale, que les banques ont enregistré durant les périodes passées des niveaux de créances impayées assez importants. Selon lui, les niveaux de créances impayées au sein de la CNEP, dont il est le PDG, ont atteint les 10% pour les crédits aux particuliers. Souvent escamotés, car englobant parfois des cas d'allocation inconsidérée de ressources bancaires ou de crédits accordés sans engagements, les chiffres liés aux créances douteuses et à celles irrécouvrables dans les portefeuilles des banques étatiques restent donc significatifs. Bien qu'ayant marqué, selon les déclarations officielles, un recul ces dernières années, les flux de créances douteuses inquiètent davantage par leur propension à se régénérer que par leur poids, sachant que les banques connaissent actuellement une forte aisance en termes de liquidités. Les banques étatiques sont, en effet, à même de réapprovisionner leurs créances perdues sans que cela n'affecte trop leurs résultats. Le ministre des Finances laissait d'ailleurs entendre que les créances improductives ne pesaient pas trop sur la solvabilité des banques publiques, ces dernières ayant, selon lui, généré à l'Etat une quarantaine de milliards de dinars de revenus, entre dividendes distribués et impôts payés, au titre de l'exercice 2010. Reste qu'au vu des nouvelles mesures annoncées par les pouvoirs publics en faveur de l'emploi et des PME, mettant fortement les banques à contribution, les flux de créances douteuses risquent de reprendre une courbe ascendante. Ce risque est d'autant plus à redouter, au regard de la décision de l'Etat de dépénaliser l'acte de gestion. Une telle orientation, s'il est vrai qu'elle pourra inciter les banquiers à être moins frileux quant à l'octroi de crédits à l'investissement, ne reste pas moins potentiellement porteuse de risques d'imprudence, voire de gabegie. Dans son dernier rapport sur l'économie algérienne, le Fonds monétaire international (FMI) n'avait d'ailleurs pas manqué d'inciter l'Algérie à déployer des efforts supplémentaires en vue de «réduire le niveau élevé des créances douteuses dans les banques publiques». Aussi, entre la rigueur excessive imposée à l'accès aux financements bancaires et les risques d'une politique de crédits imprudente et génératrice de créances douteuses, les autorités en charge de la régulation bancaire sont appelées à trouver un juste milieu et, surtout, à faire preuve de plus de transparence.