Le traitement de la douleur, particulièrement chez les malades atteints de cancer, constitue une préoccupation des spécialistes. La journée d'information sur la douleur organisée, jeudi à l'hôtel El Aurassi à Alger, pour la quatrième année consécutive, par le laboratoire national Biopharm en collaboration avec Human Health Information (HHI) et la Société algérienne d'évaluation et de traitement de la douleur (SAETD), a mis en exergue cette complication sanitaire et sociale. Elle est, selon Pr Griene, président de la SAETD et chef de service de réanimation au Centre Pierre et Marie Curie, souvent sujette à des difficultés d'appréciation en rapport avec de multiples facteurs. D'où l'impérative nécessité d'une analyse contextuelle de ce phénomène, dira-t-il. La douleur chez l'enfant cancéreux a été au centre des débats. « L'enfant cancéreux, qui immanquablement aura mal de par l'histoire naturelle de sa maladie, les traitements lourds qu'il reçoit et les examens qu'il doit subir. Cependant, des craintes injustifiées paralysent l'action thérapeutique », a noté Dr F. Ghachi, du service d'oncologie médicale au Centre Pierre et Marie Curie. Il a estimé que même si un changement s'est opéré en Algérie vis-à-vis de la douleur ces dernières années, « cela reste très insuffisant », a-t-il précisé. Manque de médicaments Une situation qui est, selon lui, due au manque de produits pharmaceutiques, notamment certaines formes pédiatriques. « La nomenclature est insuffisante et bloquée, ainsi le niveau 2 OMS est amputé et certaines formes pédiatriques sont absentes. La législation des morphiniques reste obsolète - datant de 1845 -, la prévention de la douleur provoquée est presque absente, notamment le mélange équimoléculaire de protoxyde d'azote », a-t-il indiqué. Pour ce praticien, cette douleur, qui existe potentiellement à tout moment, « nous oblige à la considérer comme constante à rechercher, à évaluer et traiter, au même titre que toute autre manifestation de la maladie cancéreuse ». « La minimisation » de ce phénomène a été également soulevée par Pr Brouri, chef du service de médecine interne à l'hôpital Birtraria, qui considère qu'il est impératif de procéder à la création de structures antidouleur qui, par leur extension progressive, se développeront pour passer du niveau de la simple consultation antidouleur à celui de service ou centres antidouleur. Pour ce faire, il a recommandé, entre autres, la nécessité d'une formation de maîtres assistants, l'introduction de l'enseignement en graduation et postgraduation, la reconnaissance officielle de la spécialité et l'érection de centres antidouleur autonomes. « Ces entités permettront de développer une véritable stratégie de lutte contre la douleur grâce à un fonctionnement pluridisciplinaire des équipes médicales qui auront acquis la compétence et les outils nécessaires à l'évaluation et au traitement de la douleur dans toutes ses composantes », a-t-il ajouté. Quant au chapitre de la prise en charge, Pr Bouzid, du service d'oncologie au CPMC, a souligné certaines avancées. Il a signalé l'introduction du chlorhydrate de tramadol suppositoires dans la nomenclature nationale du médicament et d'autres produits sous d'autres formes sont en cours d'inscription. Concernant la réglementation régissant l'utilisation des médicaments de niveau 3 OMS, Pr Bouzid a annoncé : « Le problème est en cours de prise en charge par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. » Un plan de lutte contre la douleur devrait être aussi une des priorités de cette institution.