Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ne compte pas participer au débat programmé à l'Assemblée populaire nationale (APN) durant cette session de printemps. Le parti de Saïd Sadi a décidé de suspendre ses activités parlementaires jusqu'à ce que les conditions d'une «transmission fidèle des interventions des députés soient garanties». Selon Athmane Mazouz, président du groupe parlementaire, le RCD a accepté, malgré les fraudes électorales, de siéger au Parlement, et ce, dans l'unique but de porter devant l'opinion nationale et internationale les revendications des citoyens et dénoncer une gestion politique et économique «marquée par l'arbitraire et la corruption». Aujourd'hui, notent les élus du RCD, tout le monde constate que la servilité traditionnelle du Parlement est désormais doublée d'une complicité active, puisque c'est l'institution parlementaire elle-même qui demande à ne pas débattre des drames qui pèsent sur l'Algérie. M. Mazouz est revenu sur la situation qui prévaut dans le pays depuis le mois de janvier, date où des émeutes ont éclaté engendrant des morts et de nombreux blessés. Depuis, expliquent les parlementaires du RCD, «des personnes désespérées se sont immolées, des manifestations pacifiques sont régulièrement réprimées et interdites, les médias publics, inféodés au pouvoir, s'adonnent en toute impunité au lynchage raciste et à la diffamation éhontée de l'opposition». Notre interlocuteur déplore le recours à la violence. «Des députés ont été agressés par les services de sécurité le 5 mars dernier et le président du parti, également député, s'est vu asséner un coup de couteau devant des dizaines de policiers imperturbables», affirme M. Mazouz. Pour le groupe parlementaire du RCD, il s'agit là d'une tentative d'assassinat qui pose une nouvelle donne politique dans le pays. Le RCD est convaincu que la rue demeure la seule alternative pour arracher des acquis et le combat est plus que jamais inscrit dans la rue, comme il est persuadé que l'acharnement à semer la haine et la division est un signe d'une grande peur sans courage ni imagination. «Il y a trente ans, le même pouvoir accusait les mêmes acteurs d'être à la solde de la CIA et du Sdece, et d'avoir brûlé le drapeau et le Coran pour essayer de discréditer le printemps berbère. C'est ce printemps qui, brisant pour la première fois la peur, a inspiré les manifestations de Constantine et de l'Oranie en 1986, maillon des luttes qui ont mené à octobre 1988», déclarent les députés du RCD. Ces derniers regrettent qu'en 1980, le pouvoir ait pu circonscrire les luttes démocratiques à la Kabylie et en 1988, il a pu détourner la colère du 5 Octobre pour réorganiser ses clientèles, relancer le système et polluer la scène politique et médiatique. «Reproduire les mêmes accusations et les mêmes manœuvres en 2011 relève de l'aveuglement.»