Les 110 familles de ce haouch, situé au centre-ville, ruminent leur colère depuis plusieurs mois. Les habitants de la ferme Mohamed Ferroukhi, dans la commune de Tessala El Merdja, ont entamé le compte à rebours pour leur délogement des habitations précaires qu'ils occupent depuis des années. Une énième promesse qu'ils espèrent voir aboutir, après tant de souffrance endurée dans leurs gourbis de misère. Les 110 familles de ce haouch, situé au centre-ville, ruminent leur colère depuis plusieurs mois. Lors des dernières opérations de relogement lancées par la wilaya d'Alger, les résidants ont bloqué le siège de l'APC pour exprimer leur colère et dénoncer leur «marginalisation». Suite à cette action, «les autorités locales nous ont promis de nous reloger en juin prochain. Depuis, nous attendons avec impatience…», raconte un jeune habitant. Il dit qu'il est né et a grandi dans ce site, «c'est un interminable cauchemar, en attendant des jours meilleurs», lance-t-il. Ce bidonville, a-t-on constaté sur place, n'est doté d'aucune commodité. L'eau potable est piratée, l'électricité est raccordée illégalement, le gaz de ville est inexistant, l'éclairage public est absent, la route est impraticable, bref tout manque. «Les services de l'APC nous ont, à chaque fois, répondu qu'il n'y a pas lieu de programmer des projets pour l'amélioration de nos conditions de vie, puisque notre relogement est imminent. Hélas, concrètement, on ne voit rien venir», nous dit un autre résidant. Les assurances des autorités locales ont d'ailleurs été la cause du mouvement de protestation organisé par les citoyens lors des dernières opérations de relogement. «On n'en peut plus ! La patience a des limites, on en a marre d'entendre les discours farfelus des responsables», tonne un homme d'un certain âge. «Ils auraient dû, au moins, réaliser les travaux nécessaires pour nous éviter de vivre dans le dénuement quasi total», remarque notre interlocuteur. En fait, à force d'attendre et d'espérer, les habitants de cette cité sont actuellement gagnés par un sentiment de méfiance et ne font plus confiance aux déclarations des responsables locaux. «J'espère que cette fois sera la bonne !», dira un père de famille. Selon lui, les conditions de vie deviennent de plus en plus insupportables. En fait, cette cité est divisée en deux types de gourbis. Certaines familles occupent des baraques construites en parpaing et en zinc, alors que d'autres sont logées dans des caves infectes situées dans des vestiges d'un vieil édifice colonial. Les caves sont automatiquement submergées à chaque précipitation et sont tout le temps insalubres. Les enfants sont vulnérables, et le risque de maladie a fini par se banaliser. «Jamais un être humain ne pourrait vivre dans cet endroit. Il finirait par devenir fou ou se suicider», conclut un autre résidant, fonctionnaire dans une institution publique.