Le chef de la diplomatie algérienne, qui a intervenu, hier, dans un entretien au journal français Le Monde, a exprimé des inquiétudes face à la situation libyenne. «Nous sommes très inquiets. C'est maintenant le troisième pays qui fait que la zone est en ébullition. Nous sommes inquiets parce qu'il y a une opposition armée entre une partie de la population et une autre, et parce que l'usage des armes est devenu incontrôlable. Le guide libyen le dit lui-même, il y a une menace terroriste. Nous qui l'avons vécue, nous ne pouvons pas courir le risque de la voir réapparaître de l'autre côté de la frontière», dit Mourad Medelci. A la question de savoir si El Gueddafi utilise la menace terroriste à des fins politiques, le ministre des Affaires étrangères algérien souligne : «On sait que le terrorisme existe dans le Sahel. Il y a un risque, aujourd'hui, qu'il se développe en Libye. Si on trouve des armes et de l'argent c'est un terreau. Nous ne pouvons pas gérer le terrorisme une fois qu'il frappe à nos portes. Nous sommes tenus, vous comme nous, de prendre des mesures à caractère préventif. Il faut arrêter le plus rapidement possible cette situation de violence.» Au sujet de l'ingérence étrangère, M. Medelci précise : «Nous sommes contre une ingérence étrangère, mais nous ne sommes pas seuls et je peux comprendre les messages de la communauté internationale qui deviennent de plus en plus fermes. Le guide libyen est en train d'envoyer des messagers partout, l'opposition de Benghazi aussi. Nous sommes en présence de deux camps comme en Côte d'Ivoire. Le climat est peut-être favorable pour tenter une médiation… Vous connaissez le résultat de précédentes interventions étrangères… Nous ne pouvons pas nourrir le terrorisme.» Quant à l'accusation d'aide de l'Algérie à la Libye, le ministre répond en disant que la «rumeur est venue de Benghazi et a été démentie par le président du Comité de transition de Benghazi. L'Algérie n'a rien à voir avec ces histoires».