Ce secteur important de l'économie nationale a besoin d'être sérieusement fouetté, si l'on veut que les pertes financières dues à l'absence de couverture par des produits d'assurance n'augmentent à la faveur de catastrophes ou d'accidents. Le marché des assurances est libre depuis dix ans. Cette période, bien courte pour les professionnels, a été suffisante pour épuiser les possibilités de développement offertes au secteur par l'ouverture institutionnelle. C'est du moins le constat dressé hier à l'occasion du IVe Forum des assurances, organisé à l'hôtel El-Aurassi. Le secteur s'est retrouvé confronté à ses propres limites en matière de disponibilité de ressources humaines qualifiées et de capacités de formation. En 10 ans (1995-2005), 10 nouvelles compagnies ont été agréées. Depuis 2002, le nombre de compagnies (16 au total) n'a pas évolué. Il y a eu une société qui a fermé et une autre qui a démarré. Le chiffre d'affaires a connu un accroissement en valeur nominale de 172,1%. “À la fin 2005, c'est-à-dire au terme des 10 ans, nous pourrons même tabler sur le triplement du chiffre d'affaires”. La part de marché du secteur privé qui est de 20% n'a pas notablement progressé depuis 2003. Le secrétaire permanent du Conseil national des assurances souligne une stagnation en matière de l'offre de produit et une désorientation de la concurrence. Du point de M. Abdelmadjid Messaoudi, la concurrence s'est portée beaucoup plus sur les prix que sur la qualité et l'amélioration du service. La multiplication des acteurs a induit des effets certes positifs sur l'emploi et sur les assurés (augmentation des effectifs salariés du secteur et ralentissement dans l'évolution des tarifs). Mais parallèlement, une détérioration des indicateurs de résultats est constatée. Le rendement des capitaux a baissé. En termes de poids dans l'économie le secteur a vu son taux de pénétration baisser passant de 0,68% en 1995 à 0,59% en 2004. Le secteur connaît une importante exposition au risque du marché. La profitabilité n'a pas non plus été au rendez-vous puisque le rapport des résultats nets des compagnies à leurs fonds propres a chuté. Bien qu'importante, l'augmentation de la production du secteur n'a donc pas suffi ni à redresser son poids dans l'économie, ni à améliorer sa profitabilité. Le retard s'élargit encore si l'on se réfère aux progrès qu'il faut accomplir pour conquérir la confiance des populations et les doter des protections et services de prévoyance qui leur permettent d'envisager l'avenir avec assurance et contribuer à la stabilité sociale ; convaincre les très nombreux opérateurs du secteur privé de consacrer une épargne pour garantir la pérennité de leurs affaires et par là même la stabilité et la croissance économique ; apporter main forte aux nombreux partenaires traditionnels de l'assurance, en particulier les gestionnaires des risques, en soutenant la promotion de la prévention et la réduction effective des risques, et les financiers, en offrant les ressources à échéances longues qui font défaut pour soutenir la croissance économique. Une certaine rigidité persiste et empêche le développement du secteur des assurances qui fait que l'Algérie est classée à la 165e place. C'est pour cela que les pouvoirs publics ont pensé à réformer l'édifice institutionnel. L'avant-projet de loi sur les assurances au niveau de l'APN Le texte sera examiné par la commission des finances de l'Assemblée populaire nationale le 8 décembre prochain. L'avant-projet, explique le ministre des Finances dans son allocution d'ouverture, vise à stimuler l'activité, qui reste au-dessous du potentiel national, l'amélioration de la gouvernance et de la sécurité financière des sociétés d'assurance et la réorganisation de la supervision. Le renforcement de la sécurité financière des sociétés d'assurance est conçu à travers l'exigence aux acteurs d'une bonne solidité financière et d'un management de qualité ainsi qu'à travers des mesures de sauvegarde des intérêts des assurés. La branche automobile déficitaire La branche automobile accuse depuis une décennie des résultats techniques déficitaires marqués par une poussée préoccupante des accidents de la circulation qui ont occasionné plus de 4 000 morts, des milliers de blessés dont 10% sont handicapés. Ces chiffres, souligne le P-DG de la Saa, illustrent l'ampleur du fléau dont le prolongement au double plan économique et social ont fortement précipité la rupture d'équilibre et de régulation du système d'indemnisation des accidents de circulation. Meziane Rabhi