Le projet du nouveau code communal, présenté hier devant les députés à l'Assemblée populaire nationale (APN), a provoqué l'ire des maires et des élus locaux. Le texte ne répond pas à leurs attentes. Ils entendent bien crier leur ras-le-bol. Au moins 600 présidents d'Assemblée populaire communale (APC), toutes tendances politiques confondues, vont déposer, jeudi prochain, leur démission en guise de protestation contre le contenu de ce projet, mais aussi contre la stigmatisation dont ils font l'objet. «La décision est prise. Les maires ne peuvent plus assumer leur mission dans les conditions actuelles. Et ce projet vient nous enfoncer davantage», déclare Mouhib Khatir, P/APC de la commune de Zéralda et président du Forum des maires qui est à l'origine de ce mouvement de protestation. Selon lui, les élus locaux sont déjà asphyxiés et ce projet de nouveau code communal n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. «Nous avons déjà attiré l'attention du ministère de l'Intérieur sur nos problèmes. En 2008, lors de la formation des maires sur la gestion des collectivités locales organisée par la tutelle, nous avons élaboré une liste de recommandations. Le ministre de l'Intérieur a promis de les prendre en considération. Il n'en fut rien», déplore-t-il. Dans ce sens, Mouhib Khatir affirme que le projet, qui est actuellement entre les mains des députés, a été élaboré sans consultation des premiers concernés, en l'occurrence les maires et les élus locaux. «Aucun maire n'a été associé à l'élaboration de ce projet de nouveau code communal. Il n'a aucune âme et aucun projet ne lui ressemble dans le monde. Je me demande d'ailleurs d'où (les responsables du ministère de l'Intérieur, ndlr) sont-ils allés le chercher», lance-t-il. Quelles sont les exigences des maires ? En plus des prérogatives nécessaires pour une meilleure gestion de la commune, le Forum des maires a déjà formulé trois revendications essentielles. Il y a d'abord l'immunité des maires. «Aujourd'hui, les P/APC passent plus de temps dans les tribunaux qu'à gérer les affaires de leurs communes. Les affaires en justice pleuvent sur nous. Par une simple lettre anonyme, le maire est traîné devant les tribunaux. Du coup, il perd sa crédibilité aux yeux des citoyens qui l'ont élu», s'indigne-t-il. Dans ce sens, Mouhib Khatir critique le système de gestion des communes mis en place depuis des années. «Il n'y a jamais eu de passation de consignes entre l'ancien et le nouveau maire. Il n'y a jamais eu d'audit annuel pour juger le travail fait par l'Assemblée communale afin d'éviter les erreurs commises par le passé», souligne-t-il. Notre interlocuteur relève également l'absence de statut particulier des élus locaux. «Il y a des maires rémunérés à 15 000 DA. Ce n'est pas normal», ajoute-t-il. Poursuivant, notre interlocuteur dénonce l'absence d'un encadrement de qualité au niveau des APC. «Ces problèmes existent à travers le territoire national. Et les maires des 48 wilayas en ont assez de cette situation», précise-t-il. En tout cas, les protestataires devront se réunir demain ou après-demain pour décider des actions à mener à l'avenir.