Les protestataires dénoncent l'absence d'un canal de concertation et de dialogue dans leur secteur. Les chercheurs des centres de recherche nucléaire d'Alger et de Draria ne lâchent pas du lest. Après une série de sit-in vainement devant leur direction, ils ont décidé de sortir dans la rue dans l'espoir de faire entendre leur voix. Protestant depuis plus d'un mois contre la non-application des dispositions réglementaires relatives au régime indemnitaire du chercheur permanent (décret exécutif 10-250 du 20 octobre 2010), ils étaient hier encore plus d'une centaine à se rassembler devant l'entrée du Commissariat à l'énergie atomique (Comena), à Alger. Sur les banderoles accrochées au mur, on pouvait lire, entre autres, «Les chercheurs dans les laboratoires et non pas dans l'administration», «Chercheurs en colère» ou encore «Chercheurs Comena - chercheurs permanents». «Nous sommes otages de ceux qui dirigent le secteur, lesquels n'ont rien à voir avec notre activité, sensible et délicate», fulmine Hakim Mazrou, maître de recherche qui soulève le problème de compétence de ceux qui sont à la tête du Comena. Dénonçant l'absence d'un canal de concertation et de mécanismes garantissant la prise en considération de leurs suggestions liées au statut particulier des personnels des centres de recherche du Comena, les chercheurs protestataires déplorent le manque de considération manifeste de la part de leur hiérarchie et de leur tutelle au sujet de leurs préoccupations. «Ici, le chercheur est le moins considéré. La preuve qu'on nous a poussés à la rue», regrette M. Mazrou qui dénonce «la suprématie de l'administration sur le chercheur. D'ailleurs, souligne-t-il, le nombre de chercheurs au Comena ne cesse de se rétrécir au profit du personnel administratif et de soutien». «Aujourd'hui, les chercheurs représentent seulement 25% des effectifs du Comena. Ils refusent ne serait-ce que remplacer ceux qui sont partis à la retraite ou à l'étranger», peste-t-il, considérant cela comme du mépris pour la recherche et les chercheurs. Les protestataires affirment qu'ils travaillent sans statut ni règlement intérieur, ce qui les met dans une situation fragile. Par cette énième action de protestation, les chercheurs permanents du Comena veulent «mettre la tutelle face à ses responsabilités», estimant que la persistance de ce conflit risque d'engendrer des «conséquences dramatiques pour l'avenir et du devenir du secteur nucléaire voulu stratégique et attractif» par les plus hautes autorités du pays. Déterminés à aller jusqu'au bout de leurs revendications, ces chercheurs affirment qu'il y aura d'autres actions dans les jours à venir.