Les corps étrangers amassés dans les canalisations pendant les travaux retardent le transfert de l'eau d'In Salah vers Tamanrasset. Tamanrasset. De notre envoyée spéciale
L'eau est là». Le «projet du siècle», le transfert d'eau d'In Salah vers Tamanrasset est fin prêt. Enfin presque. L'on annonçait sa livraison pour la fin du mois de mars. Toutefois, les habitants de la ville de Tamanrasset devront encore attendre «quelques jours», ou peut-être plus, afin de voir couler la précieuse denrée de leurs installations hydrauliques. Des écueils freinent encore cette distribution. Le premier est la qualité de l'eau transférée depuis In Salah, et qui est stockée dans un réservoir, à Tamanrasset, d'une capacité maximale de 100 000 mètres cubes. L'excitation était à son comble, hier, lors de la visite d'inspection effectuée par Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau. «Aujourd'hui, ce sont 50 000 mètres cubes qui coulent ici», explique-t-il. «C'est un miracle pour la région», s'exclame-t-il, en regardant l'eau, pompée à des centaines de kilomètres de là, s'écouler par les canalisations. «Ce projet alimentera en eau les habitants de Tamanrasset bien au-delà de leurs besoins, et ce, à l'horizon 2050», ajoute-t-il. L'eau n'est toutefois pas encore «transférable». La cause en est les particules en suspension et les corps étrangers qui se sont amassés dans les canalisations tout le long des travaux. «Cinq équipes de l'ADE, venues d'Alger, se chargent actuellement de la potabilisation de l'eau. C'est de l'eau brute, à laquelle il est injecté du chlore, afin d'éliminer la turbidité. Il y a des critères physicochimiques à respecter, et les contrôles sont continus», expose M. Terra. Ainsi, «la turbidité de l'eau, sa clarté, était, il y a quelques jours à peine de 400. Ce matin, elle est de 73. Dès qu'elle sera descendue au-dessous de 5, nous lâcherons l'eau dans les canalisations. Nous donnons un délai maximal de 10 jours à cette potabilisation», prévoit le ministre. Il demeure toutefois un autre problème, et de taille : l'état du réseau de distribution de la ville de Tamanrasset. «Le réseau ADE est vétuste. Il ne reçoit de l'eau en moyenne que 3 heures par jour. Ce qui équivaut à dire qu'il n'a jamais vraiment fonctionné, puisque la pression n'était que très faible. D'où la déperdition qu'il risque d'y avoir une fois la distribution enclenchée», explique M. Sellal. La «grande vérification» se fera la première fois que le flux du liquide, à pression maximale, sera transféré vers la ville. «Les agents de l'ADE ont d'ailleurs dû effectuer 65 interventions sur le réseau en seulement une semaine», poursuit-il. Raison pour laquelle la réhabilitation du réseau ADE de Tamanrasset est prévue. Modernisation «Une étude est actuellement en cours, effectuée par un bureau étranger. Elle concerne la modernisation et la correction des canalisations de distribution de la ville. Il est escompté sa finalisation à la fin de l'année, et ainsi l'entame des travaux au début de l'année prochaine», prévoit le ministre. Toutefois, assure ce dernier, les habitants de Tamanrasset ne devront pas attendre autant afin d'avoir de l'eau dans leurs robinets. «Une chose est sûre. Cet été, ils pourront prendre leurs douches avec l'eau d'In Salah». Et le projet dans sa globalité, quelle est la date de sa livraison finale ? Evasif, le ministre explique qu'il faudra encore attendre quelques mois avant sa réception définitive. «Il ne reste que des détails, ainsi que quelques installations supplémentaires, non prévues initialement, mais qui sont des mesures de précaution. La station de déminéralisation à construire à In Salah servira à corriger la salinité de l'eau, qui pourrait augmenter à force de pomper», affirme-t-il. Ce qui ne devrait, en principe, pas engendrer de surcoût supplémentaire pour ce projet qui, en 38 mois de travaux, a déjà coûté quelque 197 milliards de dinars.