Coup de soleil. Vingt ans déjà ! Un anniversaire célébré vendredi dernier par une soirée festive dans les salons Vianey à Paris à laquelle ont pris part plus de 250 adhérents et amis de l'association, parmi eux des chanteurs, des comédiens de cinéma et de théâtre, des écrivains, des bédéistes ayant pour origine directe ou par filiation le Maghreb. L'association Coup de soleil - présidée par George Morin, un enfant de Constantine - est un espace de rencontre et de fraternité entre populations de France venues du Maghreb pour « mieux faire connaître ces populations et pour mieux faire connaître le Maghreb à l'opinion publique française ». « Et tout cela au milieu d'un monde où prospèrent méfiances, rejets de l'autre et replis sur soi », rappellent ses initiateurs. Tisseuse de liens, passerelle entre communautés en France même, mais aussi entre la France et le Maghreb, Coup de Soleil, à vingt ans d'existence, a montré que les fils tissés tout au long de ces années sont solides. Lutte contre l'ignorance Les raisons qui ont motivé la création de cette association réunissant des enfants du Maghreb - pieds-noirs, immigrés et rapatriés - sont ainsi plus d'actualité que jamais. En 1985, une quinzaine d'amis, « écœurés » par la montée d'un « racisme rampant », de la « lèpre de la xénophobie » créent Coup de soleil. « Ce racisme rampant, nous l'avions déjà connu : soubassement d'un système colonial fondé sur l'inégalité, il nous avait souvent séparés au Maghreb, nous avait parfois dressés les uns contre les autres et il avait contraint beaucoup d'entre nous à l'exil. Et voilà que, sur le terreau de la crise et du chômage, les Maghrébins de France devenaient les nouveaux boucs émissaires, le nouveau fonds de commerce de l'extrême-droite », affirmaient alors les initiateurs de cette entreprise qui souhaitaient combattre ce mal à sa racine par le sérieux de l'information sur l'histoire et l'actualité et la convivialité de la culture. La réhabilitation de la mémoire, la réflexion sur le cheminement de l'intégration, la solidarité envers la nouvelle vague d'exilés algériens des années 1990 qui ont fui l'obscurantisme, la violence et la mort sont des engagements forts des militants de Coup de soleil. Autre axe, le lien avec les pays d'origine à travers colloques, débats, publications... « Cet effort continu de meilleure connaissance de notre histoire et des problèmes contemporains, nationaux et internationaux reste fondamental dans notre action de lutte contre l'ignorance. » Au titre de ses engagements, Coup de soleil œuvre à la mise en valeur de la production des créateurs originaires du Maghreb (littérature, cinéma, théâtre, musique, bande dessinée...), « une façon de montrer à l'opinion française qu'elle a beaucoup gagné à nous avoir, un jour, accueillis sur son sol », une « façon aussi de rendre espoir et dignité aux jeunes qui ‘‘galèrent'' souvent dans les banlieues de nos villes ». Ainsi, le Maghreb des livres organisé annuellement depuis 1994 en partenariat avec Le Monde, et accueilli à la Mairie de Paris depuis l'élection de Bertrand Delanoë, lui-même originaire du Maghreb, est devenu, au fil des années, un événement culturel parisien. Il reçoit depuis 2001 quelque 200 auteurs et plus de 6000 visiteurs. Coup de Soleil organise aussi des rencontres conviviales et festives, comme l'inoubliable soirée « Bedos, Boujenah, Smaïn » à l'Olympia en 1991. « Avec l'expérience dont nous font bénéficier aujourd'hui ces longues années de travail, nous devrions pouvoir accentuer notre démarche, la démultiplier aussi sur le terrain à travers des groupes d'amis, tels que ceux qui œuvrent déjà efficacement dans l'Ouest parisien, en Languedoc, à Paris, en Picardie, en Provence ou en Rhône-Alpes. Nous devons aussi renforcer nos liens avec ceux qui, de l'autre côté de la Méditerrannée, luttent courageusement pour nos valeurs communes d'ouverture à l'autre et de fraternité », signalent enfin les militants de cette entreprise passerelle.