A part quelques multinationales qui restent discrètes sur leur implantation en Afrique, la Suisse ignore encore largement les opportunités économiques que le continent peut offrir. Mais de plus en plus de PME se bougent pour trouver des partenaires afin d'y investir, indique Jeune Afrique. Jörgen Sandström, qui codirige la filiale spécialisée dans les bioénergies d'Addax & Oryx, , achèvera d'ici la fin de l'année un vaste projet de production d'électricité et d'éthanol à partir de canne à sucre en Sierra Leone. Un investissement de 220 millions d'euros à la hauteur de la confiance que le groupe énergétique suisse place dans l'Afrique, sa zone géographique de prédilection. Dans les couloirs du Centre international de conférence de Genève (CICG), ce manager a dû se sentir un peu seul. Parmi les 220 participants (de près de 25 pays) réunis les 16 et 17 mars pour le 4e Swiss-African Business Exchange (dont le groupe Jeune Afrique est partenaire), les grands groupes helvétiques se font rares. Quelques représentants des illustres noms de la gestion de fortune locale sont certes présents, à la recherche de clients éventuels. Mais ni les multinationales du chocolat (Nestlé, Barry Callebaut) ni les géants du négoce (Glencore, Vitol) ou des mines (XStrata) n'ont fait le déplacement. «Ces multinationales ne souhaitent pas être identifiées clairement avec l'Afrique à la différence de groupes français comme Bolloré, Castel ou CFAO qui ne cachent pas ou même affichent leur particularité africaine », explique un entrepreneur suisse. Autre explication, tout aussi prosaïque : entre Genève et Zurich, l'intérêt pour le continent n'en est qu'à ses balbutiements. Les exportations du pays vers l'Afrique subsaharienne, essentiellement des machines, ne représentent que 0,7 % des exportations du pays. Même chose pour les importations. «Les volumes d'échange sont trop faibles, estime Erwin Bollinger, responsable des relations bilatérales au secrétariat d'Etat à l'économie [Seco]. Ils ont atteint 3 milliards de francs suisses (environ 2,3 milliards d'euros) en 2010.» Par ailleurs, de grands projets industriels se concrétisent, et le tissu de PME se densifie. De quoi permettre à la cité océane de diversifier ses activités et d'espérer résorber son fort taux de chômage.