Le Mouvement pour la société et la paix (MSP) étonne ces derniers jours avec ses sorties particulières. Après le bilan sombre dressé, la semaine dernière, par le président du parti, Abouguerra Soltani, de la politique économique adoptée par le gouvernement, c'était au tour de Abdelmadjid Menasra, vice-président du MSP, de remettre en question les programmes de réforme lancés par l'Exécutif. S'exprimant, hier, devant les cadres du parti à l'occasion de l'ouverture du colloque sur « La liberté de la presse et la démocratie », organisé au siège de parti, Abdelmadjid Menasra a déterré les anciens projets lancés par sa formation. L'orateur a rendu publique une plate-forme de 11 points à satisfaire pour avancer dans l'exécution du programme quinquennal mis en branle par le président de la République. Pour lui, sans la levée de l'état d'urgence, la consécration de la liberté de la presse, l'ouverture de l'audiovisuel au privé et la réforme et l'indépendance de la justice, aucun chantier ne pourra aboutir. L'Algérie, a-t-il affirmé, comme tous les pays du monde arabe, a connu une régression en matière des droits de l'homme depuis le 11 septembre 2001. Cette situation, dira-t-il, a été amplifiée par le maintien de l'état d'urgence, en dépit de l'amélioration de la situation sécuritaire dans le pays. « Il n'y a aucune raison valable pour faire durer encore la mesure de l'état d'urgence. Son maintien est un coup fatal pour les libertés en général et celle de la presse en particulier. Elle est un point noir de l'histoire de l'Algérie », a-t-il lancé. C'est au nom de la même situation qu'on a interdit, a-t-il enchaîné, la création de certains partis politiques et associations. « Pourtant, il y a un parti qui a été créé durant cette période de l'état d'urgence », a-t-il souligné, faisant allusion au RND avec lequel le MSP s'est associé dans une union baptisée « l'Alliance présidentielle ». Le RND, rappelons-le, a été lancé en 1997, soit six ans après l'instauration de cet état d'exception qui dure jusqu'à aujourd'hui. Le MSP suggère également de renforcer les pouvoirs de l'élu dans les institutions du pays, la réforme de la loi électorale en prévision des échéances législatives et locales de 2007. La position du MSP soulève certaines interrogations, d'autant plus qu'il est partie prenante du même gouvernement qu'il critique aujourd'hui. Est-il impuissant à imposer ses propositions au sein du gouvernement ? Concernant le traité d'amitié entre l'Algérie et la France, le deuxième homme du MSP a déclaré que « ce dernier ne sera pas signé s'il n'y a pas respect de la souveraineté de chaque pays ». Revenant sur la liberté de la presse en Algérie, M. Menasra s'est contenté des généralités. Pour lui, la liberté de la presse est consubstantielle à la démocratie et à la déontologie.