Les conséquences de la loi vantant le rôle positif de la colonisation continuent de secouer le microcosme politique français. La dernière victime est Nicolas Sarkozy. Le ministre de l'Intérieur a annulé son voyage aux Antilles face aux protestations qui l'attendaient sur place. La décision a été prise, mardi soir, suite à plusieurs discussions avec les préfets de Martinique et de Guadeloupe. En clair, le locataire de la place Beauvau n'était pas le bienvenu. Et le candidat à l'Elysée a préféré annuler son voyage plutôt que d'affronter une population en colère. Les caméras ne capteront donc pas la révolte des Antillais et des Martiniquais. Depuis plusieurs jours en Martinique, de nombreuses voix s'étaient élevées contre la venue de Nicolas Sarkozy, principalement en raison de la loi de février 2005, mais aussi sur le lexique guerrier du ministre de l'Intérieur à propos des émeutes des banlieues. « Je constate que des polémiques, qui tiennent pour l'essentiel à des malentendus liés à la loi du 23 février 2005, mais qui sont bien réelles, suscitent une émotion particulière », reconnaît Nicolas Sarkozy. Et c'est justement pour condamner cette loi et aussi pour ne pas être instrumentalisé que l'écrivain et homme politique Aimé Césaire avait annoncé qu'il ne recevrait pas le ministre et président de l'UMP. « Parce que, auteur du discours sur le colonialisme, je reste fidèle à ma doctrine et anticolonialiste résolu. Et ne saurais paraître me rallier à l'esprit et à la lettre de la loi du 23 février 2005 sur la reconnaissance dans les programmes scolaires du ‘'rôle positif de la présence française en outre-mer'' », explique l'écrivain engagé. Un « collectif martiniquais pour l'abrogation de la loi de la honte » s'était constitué, mardi, affirmant sa volonté de faire supprimer un texte législatif qui « justifie les crimes commis au nom d'une civilisation qui a conduit à l'extermination de peuples, à l'extinction de cultures et au pillage de nombreux pays ».