Le président Chirac est un défenseur du rapprochement algéro-français. L'entourage de Jean-Louis Debré, président de l'Assemblée nationale française, assure qu'une proposition visant à réécrire un article de la loi controversée du 23 février 2005, demandant que dans les manuels scolaires soit prôné le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, sera déposée courant février. Cet article 4 de la loi a constitué la pomme de discorde entre la France métropolitaine et les Français d'outre-mer, descendants d'esclaves ou de colonisés, qui sont montés au créneau pour dénoncer un article à leurs yeux révisionnistes, au point d'amener le ministre de l'Intérieur et président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, à annuler un voyage aux Antilles en décembre passé. Mais la polémique a été également vive avec l'Algérie, qui a connu une présence coloniale de 132 ans, et qui n'a obtenu son indépendance qu'à la suite d'une guerre âpre de sept ans. Or c'est justement au moment où les deux pays français et algérien s'apprêtaient dans un nouvel esprit à signer un traité d'amitié, pour tourner la page du passé sans oublier le devoir de mémoire, que cette loi du 23 février est venu mettre de l'eau dans le gaz et empoisonner les relations bilatérales, en dépit des efforts des présidents Chirac et Bouteflika de parvenir à un partenariat d'exception. Cette loi elle-même n'a pas été faite à la suite d'un projet de loi gouvernemental, mais bien en catimini ; sur une proposition de loi d'un député du parti majoritaire UMP. Le groupe socialiste à l'Assemblée nationale française, soutenu par le parti UDF, avait déposé une motion demandant l'annulation de cette loi, mais le groupe UMP, majoritaire, n'avait pas jugé utile de se déjuger. Il a fallu une montée au créneau du président Chirac lui-même, farouche défenseur d'un rapprochement avec l'Algérie, pour voir les choses évoluer dans le bon sens. Il avait chargé il y a un mois le président du Parlement Jean-Louis Debré de constituer une commission d'experts en vue de parvenir à une réécriture de cet article 4. Ce n'est donc pas son annulation qui est demandée mais bien sa réécriture. Les différentes personnalités proches de Jacques Chirac se sont exprimées sur le sujet, estimant qu'il ne revient pas aux parlementaires de se substituer aux historiens dans l'écriture de l'histoire. Que ce soient Madame Alliot-Marie, ministre de la Défense, qui avait participé à une réunion des 5+5 à Alger, ou M.Jean-Louis Debré lui-même, voire le ministre délégué d'origine maghrébine Aziz Begag, ou le Premier ministre Dominique de Villepin; tous ont fait le même commentaire. La grogne des Français d'outre-mer a montré le danger qu'il y a à diviser les Français, et c'est certainement l'argument massue de l'entourage du président français pour obtenir une révision de la loi du 23 février. Par ailleurs, une telle montée au créneau du président Chirac est la preuve de sa volonté de reprendre du terrain, après d'un côté l'échec du référendum sur la Constitution européenne, et son hospitalisation au Val-de-Grâce, deux des événements qui l'ont affaibli politiquement. Depuis cette date, le président français n'a cessé de prendre des initiatives pour bien montrer qu'il est le maître à bord, malgré une rivalité qui l'oppose à Nicolas Sarkozy; probable candidat à l'élection présidentielle française prochaine. Tout ce qui se passe aujourd'hui en France sur la scène politique aura en point de mire l'horizon 2007 et portera le sceau des rivalités qui opposent les hommes de droite (Chiraquiens contre Sarkozistes). Pour l'Algérie, la réécriture de cet article est la bienvenue, au vu de la densité des relations humaines culturelles, économiques et commerciales entre les deux peuples.