A en croire de nombreux observateurs, il pèse une sérieuse menace sur le dispositif d'aide à la création de l'emplois par le biais de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (ANSEJ). En effet, estime-t-on, le dégel sur toutes les activités, décidé dernièrement par les pouvoirs publics afin de contenir la colère des citoyens, risque d'avoir des conséquences désastreuses sur l'agence. Car les jeunes qui sollicitent l'aide de l'Ansej optent quasiment tous pour une seule activité : le transport.Sur près de 4 000 dossiers déposés dernièrement à l'antenne de Boumerdès, plus de 3500 postulent au financement de cette activité, déjà très saturée, déplore-t-on. «Tout le monde voudrait bénéficier d'un camion ou d'un bus sans aucune étude préalable du marché de l'emploi. Je suis moi-même dans le secteur du transport des voyageurs, et je vous jure que c'est la galère. Le citoyen croit maintenant qu'il faut à tout prix prendre sa part du gâteau. Ceci est le résultat d'une volonté de corrompre toutes les consciences», dira un transporteur de Boumerdès. Cette tendance renseigne sur la déviation du dispositif Ansej de sa vocation initiale qu'est la création d'une plus-value économique et de postes d'emploi. «Les pouvoirs publics gèrent cette structure d'une manière politicienne. Ils distribuent l'argent du contribuable pour acheter la paix sociale, mais ceci représente une bombe à retardement», pense un responsable à la wilaya de Boumerdès. «Un bus coûte 6 millions de dinars au minimum, et l'activité ne crée que 2 postes d'emploi au maximum. Or, avec une somme pareille, il est possible de monter d'autres projets plus prometteurs et plus utiles», ajoute notre interlocuteur qui constate avec amertume : « Le malheur, c'est que tout le monde est attiré par le gain facile et le luxe». Dans une wilaya à vocation agricole, rares sont les jeunes qui présentent des projets dans le domaine, encore moins dans la petite et moyenne industrie.Certains citoyens estiment qu'au lieu de distribuer comme cela l'argent du trésor, le gouvernement aurait dû penser à la création de cabinets d'accompagnement pour les jeunes investisseurs. «Cela existe dans d'autres pays ; il y a des gens dont c'est la mission de penser et de proposer des projets. Il suffit de les payer. Chez nous, nous continuons à travailler d'une manière archaïque», nous dit Saïd, un financier dans une entreprise à Boumerdès. Depuis le «dégel» sur toutes les activités, il y a deux mois, on enregistre un rush sans précédent à l'antenne de ANSEJ de Boumerdès. Le flux et la tension sont tels qu'on a ressenti la nécessité de mobiliser la police sur place pour surveiller les lieux et protéger les employés d'éventuels dérapages. A plusieurs reprises des disputes éclatent dans l'enceinte même de l'établissement.