Devenue ces derniers jours, un lieu fort de contestation, la place des Martyrs à Alger a été ceinturée par un grillage métallique. Prétextant des travaux de réaménagement, les autorités locales ont érigé une barrière métallique tout autour de l'esplanade des Martyrs afin d'empêcher les Algériens de manifester. Seulement, hier, ni la police ni les autorités de la ville d'Alger n'ont empêché les GLD de tenir leur rassemblement sur la place. Très tôt, le matin, des centaines de patriotes, connus également sous le nom de Groupes de légitime défense (GLD), engagés dans la lutte contre les groupes terroristes dans les années 1990, ont investi ce quartier pour réclamer un statut particulier, à l'exemple du statut des moudjahidine et fils de chouhada. Brandissant le drapeau national et le portrait du père des patriotes, El Makhfi, les manifestants exigent un statut digne. Ils ne regrettent pas leur combat pour que l'Algérie reste debout, mais déplorent l'indifférence de l'Etat à leur égard. «Certains d'entre nous ont perdu l'usage de leur jambe, d'autres ont perdu les bras ou ont l'œil arraché par l'explosion d'une bombe. Aucune entreprise ne veut de nous. Nous nous en remettons à l'Etat et nous voulons que justice soit faite», s'exclame le coordinateur des patriotes, M. Chekroune. Ceux-ci interpellent le président de la République : «Où sont vos promesses depuis votre troisième mandat ?», «Rendez-nous notre dignité», peut-on lire sur des banderoles accrochées tout le long de la muraille et aux barrières d'un kiosque. Selon les patriotes, le chef de l'Etat s'était engagé ouvertement pendant la campagne électorale de 2009 à prendre en charge leurs revendications, mais ils n'ont rien vu venir. Ces GLD sont venus de plusieurs régions du pays, Tizi Ouzou, Blida, El Oued, Aïn Defla…, pour réclamer, entre autres, la prise en charge des familles des patriotes victimes du terrorisme et des invalides atteints lors des opérations de ratissage. Comme seuls documents officiels, des manifestants nous ont montré un permis de port d'arme et un certificat de travail délivrés par le ministère de la Défense avec la mention «Citoyen volontaire dans le secteur opérationnel». Durant des années, ils ont perçu, selon eux, un petit pécule versé irrégulièrement. «Nous n'avons ni fiche de paie, ni allocations familiales et pas d'assurance maladie, alors que nous souffrons de tension, du diabète…», expliquent-ils. Les patriotes appellent aussi à la révision à la hausse de la pension pour blessures, qui est de 3500 DA, à 10 000 DA pour ceux dont l'incapacité a été établie à 100%.