Les services de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Tipaza ont été appelés à établir un procès-verbal de constatation des dégâts. Quant à la direction des services agricoles de Tipaza, elle a ordonné aux exploitants de l'EAC 43 de saisir à leur tour la justice. Craignant la déchéance, les bénéficiaires de l'EAC 43 ont exécuté l'ordre. Dans cet élan de contestation, l'APC de Fouka a porté plainte également contre l'ETRHB. C'est l'une des entreprises qui se charge de la réalisation de la première tranche de la voie express, reliant Mazafran à Bou Ismaïl, une distance de 7,480 km. L'opérateur n'a pas trouvé mieux, sans solliciter les services de l'Etat, que de s'engager à extraire du tuf sur une superficie avoisinant 2 ha, appartenant au domaine privé de l'Etat. Ce gisement inespéré de tuf s'est avéré un filon d'or pour le chef de projet de l'ETRHB. Le préjudice causé, selon les déclarations d'un directeur de l'exécutif de la wilaya, dépasse 150 milliards de dinars. La profondeur du cratère dépasse déjà 20 m. Cet agrégat récupéré à partir du site aurait permis à l'opérateur de faire des économies faramineuses, épargnant déjà ainsi l'ETRHB d'approvisionner en tuf son chantier à partir des lointaines carrières. Selon un autre responsable de l'exécutif de la wilaya de Tipaza, une quantité dépassant 200 000 m3 de tuf aurait été extraite de cette surface de l'EAC 43. Les responsables sont unanimes à dénoncer une complicité entre l'opérateur et certains exploitants de l'EAC 43. En dépit des plaintes déposées par les autorités locales, il n'en demeure pas moins que l'initiative entreprise par la personne responsable, qui représentait l'ETRHB sur ce site, avait entraîné une incroyable catastrophe écologique dans cette zone rurale de la commune de Fouka, située sur la bande côtière. Le wali de Tipaza, irrité par cet environnement totalement défiguré, a instruit le responsable de cette action insensée qui se trouvait sur les lieux lors de la visite d'inspection effectuée sur le site, le 1er décembre dernier, à rétablir cet espace d'une part et de l'autre à répondre de ses actes devant la justice. Le 4 décembre dernier, au siège de la daïra de Fouka, suite aux directives du chef de l'exécutif de la wilaya de Tipaza, une réunion a regroupé les autorités locales, les services techniques de l'hydraulique, des travaux publics, de l'agriculture et les premiers responsables de l'ETRHB. Le procès-verbal datant du même jour (ndlr le 4 décembre) a été signé par toutes les parties impliquées dans la remise en l'état du site et sa réhabilitation. La direction des travaux publics évaluera le volume global du tuf extrait de cette superficie de l'EAC 43, alors que la direction des Domaines calculera le préjudice financier. « Pour boucher le gigantesque trou », l'ETRHB s'est engagée à tout remettre en ordre, en procédant au remplissage de cet immense cratère avec de la terre végétale, pour pouvoir créer par la suite des banquettes et procéder à la plantation d'arbres. Tous les câbles et les réseaux de canalisation seront de nouveau remis en place. Une commission de suivi des recommandations et des engagements consignés dans le PV du 4 décembre a été créée au niveau de la daïra de Fouka. Elle aura pour mission de vérifier l'avancement des travaux programmés dans le cadre de l'engagement pris officiellement par l'ETRHB, lors de cette séance de travail. Contacté par nos soins, le chef de daïra de Fouka nous a confirmé en effet, la tenue de la réunion et les engagements de l'ETRHB. Il n'en demeure pas moins que beaucoup de questions restent sans réponses sur ce cas précis. Pourquoi n'a-t-on pas arrêté les engins de l'ETRHB, dès qu'ils ont investi cette parcelle de l'EAC 43 ? En temps de pluie, des coulées de boue se déversent sur la RN 11, provoquant ainsi de graves perturbations dans la circulation des véhicules sur le tronçon de la RN 11, reliant Bou Ismaïl à Douaouda. Toujours en période hivernale, les risques des inondations hantent les esprits des responsables locaux. Telle est la conséquence de cette agression perpétrée contre ce domaine public naturel (terres agricoles) qui se situe à proximité des axes routiers et de la mer. Après l'extraction du sable des plages et des oueds, la construction des maisons sur le domaine public maritime et sur les terres agricoles, voilà venu le temps de l'extraction illégal du tuf des terres agricoles. Cet énorme cratère réalisé sur l'EAC 43, produit à la suite de cette agression, a réellement marqué l'esprit des rares visiteurs en ce premier jeudi du dernier mois de l'année 2005. Le chef de projet de l'ETRHB avait aménagé un espace vert pour les loisirs et le repos, après l'extraction du tuf de cette superficie de l'EAC 43, selon ses déclarations aux responsables lors de la visite d'inspection sur le site.