Le 11 décembre 1540, les défenseurs d'Alger repoussèrent les Espagnols et vainquirent Charles Quint. Aujourd'hui, en commémorant le souvenir des manifestations du 11 Décembre 1960, c'est le parcours d'un peuple résistant au fil des siècles qu'il faut glorifier. Cette sentence est de Djamel Guenane, une des figures du mouvement national, qui a insisté sur le fait que l'armée régulière a toujours été soutenue par les populations face aux étrangers. Il rappellera qu'Alger, capitale d'un véritable Etat, fut protégée durant 3 siècles par 2000 canons placés au niveau des Tagarins avant que les envahisseurs français ne trouvent la brèche de Sidi Fredj, à l'ouest d'Alger, un certain 5 juillet 1830. Intervenant hier à la Bibliothèque nationale d'El Hamma (Alger) dans le cadre d'une rencontre sur les manifestations du 11 Décembre 1960, Djamel Guenane réfutera l'idée de l'apport civilisationnel et humanitaire de la France en Algérie. « Un des membres d'une délégation envoyée à Louis XIV, décédé en terre française, a été éventré après que l'on eut exhumé son corps et l'on dut le jeter à la mer », évoquera-t-il. « Il faut savoir que la marine algérienne était respectueuse du droit international, à cette époque-là, et que les pirates de la mer, c'est un grand mensonge que certains historiens n'ont cessé de colporter », ajoutera Guenane. C'est pour cela qu'il lancera un appel pour qu'aujourd'hui soit « libérée notre histoire », notamment par rapport à la question des archives. « Surveillance des indigènes » est un exemple d'une archive dont la trace est un simple bordereau au niveau d'Aix-en-Provence, dira-t-il. Saïd Abadou, secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), rebondira par rapport à la loi française du 23 février 2005 en indiquant que celle-ci « n'est pas seulement une affaire interne à la France, mais concerne directement les Algériens qui doivent donc exiger l'abrogation de ce texte ». Le patron de la première organisation de la famille révolutionnaire ira jusqu'à répondre à Rédha Malek pour refuser « la théorie de se passer des excuses de la France ». Malek avait jugé, mercredi dernier, que « l'Algérie a combattu et vaincu la France, pourquoi alors demander à celle-ci de présenter des excuses au peuple algérien. Elle l'a fait d'une manière concrète en acceptant les négociations et en se retirant de notre pays ». A ces deux positions, s'est ajoutée hier celle du colonel Youcef El Khatib, dit Si Hassan, président de la fondation Mémorial de la Wilaya historique IV. « C'est une loi très grave et tous les Algériens doivent se mobiliser, chacun dans sa position, mais la meilleure réponse demeure celle de réhabiliter l'histoire de l'Algérie de 1830 à 1962 », répétera, à plusieurs reprises, le colonel El Khatib. Il signalera que « la réaction des Algériens, officiels, personnalités et associations, a été un peu tardive et que le mieux maintenant est de concilier le peuple avec son histoire comme elle a été réellement vécue ». C'est l'occasion pour Saïd Bouraoui, président de l'Association historique et culturelle du 11 Décembre 1960, de noter que « l'intérêt pour les générations de demain est la manière avec laquelle on leur présentera l'histoire de notre révolution ».