La catastrophe de Fukushima a soulevé de nombreux débats dans le monde sur la fiabilité de ce type d'énergie. Notre pays n'échappe pas à la règle et, aujourd'hui, la question est de savoir sur quelle politique énergétique s'appuyer pour se susbstituer au pétrole. La déclaration faite par Youcef Yousfi, ministre de l'Energie et des Mines, devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée populaire nationale (APN), à la mi-mars, a suscité un débat intéressant, même s'il n'est pas encore large. Le ministre, qui répondait à la question d'un député à la suite d'un accident de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, avait déclaré : «Nous allons peut-être recourir au nucléaire à long terme, nous n'avons pas d'autre alternative.» Comme tous les pays du monde, l'Algérie doit se préparer à assurer sa sécurité énergétique malgré ses réserves en hydrocarbures. L'énergie solaire est une des options importantes qui a amené le gouvernement à adopter un programme important d'ici à 2030, pour produire 20 000 MW à partir des énergies renouvelables, solaire, éolienne... Faut-il pour autant délaisser les autres sources d'énergie ? Tous les pays qui veulent assurer leur sécurité énergétique à long terme pensent à ce qu'on appelle le Mix Energetique. Ce mix, appelé aussi bouquet énergétique, est constitué de la proportion que prendront chacun des éléments suivants dans la production de l'énergie : l'énergie nucléaire, le charbon, le pétrole, le gaz naturel, l'hydroélectricité, la biomasse, l'énergie éolienne, l'énergie solaire thermique, l'énergie solaire photovoltaïque, la géothermie et l'hydrogène. Puis, le gouvernement ou les élus arrêteront la politique à suivre pour chaque élément, en fonction de données scientifiques et réelles. La réponse du ministre est en fait basée sur une politique qui ne délaisse aucune source d'énergie. En déclarant que «l'Algérie doit se préparer pour ce choix» et «il faut entre 10 à 15 ans pour faire les études pour la construction de la première centrale électrique fonctionnant au nucléaire», le ministre ne fait que réaffirmer le choix fait : maîtriser toutes les sources d'énergies, quitte, ensuite, à privilégier l'une pour l'autre en fonction de la conjoncture. La première raison de ce choix de recourir en partie au nucléaire est dictée par la nécessité de réduire la facture coûteuse des énergies renouvelables, selon le ministre. Le ministre a souligné que si cette centrale nucléaire, pour produire de l'électricité, venait à être construite, elle respecterait «toutes les conditions de sûreté et de sécurité liées au nucléaire». La réflexion a déjà cerné trois problèmes importants à résoudre : la sécurité de l'installation, celle du lieu de son implantation et la disponibilité de ressources importantes d'eau. Il restera au gouvernement de décider ensuite. Le ministre de préciser que seul le gouvernement «décidera en fonction des données objectives si nous allons poursuivre ce projet ou si ont doit étudier davantage cette question et les problèmes qui y sont liés». Sur un autre plan, l'Algérie dispose de réserves intéressantes en uranium, environ 29 000 tonnes qui pourraient l'aider à faire fonctionner cette installation. Sur plan de la coopération, l'Algérie a déjà signé plusieurs accords de coopération sur le nucléaire civil avec les Etats-Unis, la France, la Chine, l'Argentine, l'Afrique du Sud, et s'apprête à en signer d'autres avec la Russie et la Corée du Sud ; l'objectif étant de profiter de l'expérience concernant la sûreté des installations et la formation des ressources humaines.