Dans la wilaya de Blida, ils sont une centaine d'agriculteurs qui crient à l'injustice. Ils ont été exclus du programme d'effacement des dettes, décidé pourtant par le président de la République il y a 2 ans. En effet, la décision d'effacer les dettes des agriculteurs est entrée en vigueur le 28 février 2009, jour où le président de la République l'a prise, à l'occasion de l'ouverture de la conférence nationale sur le renouveau de l'économie agricole et le renouveau rural. L'annonce a été faite publiquement à partir de Biskra et concernait tous les agriculteurs et éleveurs en possession d'une carte de fellah. «L'Etat a décidé d'effacer vos dettes, toutes vos dettes et celles des éleveurs, qui s'élèvent à 41 milliards de dinars», a déclaré le premier magistrat du pays à l'adresse de tous les agriculteurs algériens lors de sa campagne électorale. Il a d'ailleurs appelé les banques à arrêter, depuis le jour de son discours (28 février 2009, ndlr), toutes les procédures ayant trait à la récupération de leurs dettes auprès des agriculteurs. «C'est le Trésor public qui rachètera le montant de cette dette», a-t-il rassuré et les agriculteurs et les établissements financiers concernés par ces crédits (BADR). «Cela entre dans le cadre de l'encouragement de notre agriculture, afin que celle-ci soit plus moderne et productive», a-t-il insisté. La réalité du terrain est pourtant tout autre. Aujourd'hui, les agriculteurs et les éleveurs du pays, dont ceux de la wilaya de Blida, qui avaient concrétisé leurs projets via les dispositifs de l'emploi (Cnac, Ansej), continuent de recevoir des mises en demeure pour payer les banques avec les intérêts, sous peine de poursuites judiciaires. Certains jeunes agriculteurs qui avaient hypothéqué des biens (maison, terrain…) risquent de voir ces derniers carrément confisqués. «Au lendemain du fameux discours du Président adressé aux fellahs et éleveurs, des banquiers nous ont rassurés qu'on était concernés par l'effacement et qu'il ne fallait pas payer nos dettes. Aujourd'hui, les responsables de la BADR nous menacent d'avoir recours à la justice», déplore un groupe d'éleveurs de vaches laitières à Blida. Nos interlocuteurs interpellent le président de la République pour que ses engagements à leur égard soient réellement concrétisés sur le terrain.