Dix années se sont écoulées, jour pour jour, depuis l'assassinat de Guermah Massinissa, première victime du printemps noir. Des dizaines de personnes se sont recueillies, hier, dans le souvenir, à Agouni Arous (Beni Douala), village natal de ce jeune lycéen tué à l'intérieur des locaux de la brigade de la gendarmerie, le 18 avril 2001. Des délégués des archs, à leur tête Belaïd Abrika, ont déposé, à l'occasion, une gerbe de fleurs sur la tombe du détonateur des événements de Kabylie. Après une minute de silence observée à la mémoire des victimes du printemps noir, des délégués de la coordination des archs, daïras et communes (CADC) ont pris la parole. «Le mouvement citoyen a essayé, depuis sa création, de mener le combat, de manière pacifique, pour la satisfaction de la plateforme d'El Kseur. Il a réussi à arrêter l'effusion de sang. Mais le régime n'a pas tenu ses engagements. Donc, dans le cadre du système actuel, il n'y a aucun espoir à cultiver. Il est même impossible d'espérer un changement. Avec le départ de ce régime, l'impunité connaîtra son épilogue», a estimé Belaïd Abrika, qui ajoutera : «La justice algérienne est aux ordres. Elle n'est pas indépendante. C'est pour cela qu'on doit préparer un dossier à présenter aux instances internationales pour le jugement des auteurs et les commanditaires de l'assassinat des jeunes durant le printemps noir.» De son côté, Khaled Guermah, père de Massinissa, dira : «On ne peut pas pardonner le sang de nos enfants. Il y a dix ans depuis l'assassinat de mon fils, mais je souffre toujours. Ce pouvoir, qui a assassiné nos jeunes, doit partir et céder la place aux gens compétents.» Poursuivant dans le même contexte, un autre parent de martyr du printemps noir a martelé : «Le pouvoir nous a eus puisqu'il n'a pas respecté l'application du protocole d'accord signé avec le mouvement citoyen.» Notons que, parallèlement au recueillement, une exposition de revues, de coupures de presse et de photos sur les événements de Kabylie, a été mise en place à Agouni Arous. Par ailleurs, une délégation des archs s'est rendue dans l'après-midi, à Taourirt Moussa, toujours dans la daïra de Beni Douala, pour déposer une autre gerbe de fleurs sur la tombe du chantre de la chanson kabyle Matoub Lounès.