Six, cinq, quatre, trois. Ce ne sont pas des numéros que l'on a choisis pour parier dans un jeu de hasard. C'est la courbe descendante des performances sportives d'une discipline nationale de premier ordre. SOS, dirions-nous autrement. Le judo, seul sport algérien médaillé aux derniers Jeux olympiques de Pékin 2008, est en recul, en net recul même. Les chiffres que l'on connaît sont révélateurs. La pratique compte seulement 7 000 licenciés avec des équipes nationales dont la composante est majoritairement en fin de carrière. La relève n'est pas encore assurée en l'absence de perspectives. Pourtant, ce ne sont pas les moyens de l'Etat qui ont manqué ni encore les efforts des clubs qui se débattent sur le terrain sans soutien aucun. Lors de la dernière assemblée générale de la Fédération algérienne de judo, certains membres avaient déjà tiré la sonnette d'alarme pour dire tout haut l'urgence de revoir les choses. Rétrospective d'un échec annoncé : nous sommes en 2008, au début du cycle olympique en cours. Tout le monde a salué le changement avec l'ordre établi qui avait consisté à concentrer les efforts sur quelques judokas au détriment d'une politique de développement d'ensemble du judo algérien. Un nouveau souffle était salutaire pour un judo national qui devait se remettre en cause et s'adapter, notamment, à l'évolution que connaît la discipline dans le monde. Les règles de compétition ont connu des nouveautés et on devait donc se mettre au niveau des réformes que la Fédération internationale de judo (FIJ) avait déjà mises en œuvre avec un volume de compétition internationale, largement plus grand mais aussi, pour la première fois dans l'histoire du judo, d'un circuit professionnel organisé à travers le monde. L'enseignement du judo dans les clubs devait aussi connaître une adaptation. La nouvelle équipe fédérale prône, alors, l'évolution indispensable. Les discours étaient éloquents et plein d'espoirs, comme ces phrases qui reviennent souvent dans les colonnes de la presse, à savoir «s'occuper plus de la formation des jeunes et des techniciens dans les clubs» ou encore «accompagner les clubs et les aider financièrement et matériellement pour qu'ils puissent mieux entreprendre». Au fur et à mesure que le temps passait, aucun indice n'est venu conforter les intentions. Le judo algérien vivait au rythme ancien. Pis, il continue à voguer sans carte ni boussole. L'autre objectif, que s'est fixé l'équipe fédérale en place, était l'organisation des assises du judo national et d'un état des lieux indispensable pour mieux construire l'avenir. Plus rien de tout ça. A un moment donné, on avait senti cette prise de conscience qu'il fallait enfin marquer une halte, mais rien n'a été fait par la suite. Passé l'orage d'une contre-performance sportive de nos équipes nationales, c'est la routine qui perdure. Dans un mouvement mal maîtrisé, les échéances sportives internationales accaparent l'attention et les moyens du judo national aussi. Ce sont les équipes nationales fanions qui ont toujours les faveurs. Elles voyagent bien et les dirigeants aussi. Jamais de mémoire de judokas, les équipes nationales seniors n'ont autant participé à des stages et autres compétitions à l'étranger comme ces deux dernières années. Pour quels résultats ? Les derniers championnats d'Afrique de Dakar (Sénégal) ont montré, résultats à l'appui, que notre judo fait fausse route. Nos judokas d'élite sont mal encadrés. L'indiscipline de ces derniers est flagrante. Que peut-on récolter de bien lorsque les rapports maître/élève, qui sont importants, ne sont pas mis en harmonie ? Des échecs sportifs et des réflexes qui ne donnent pas l'exemple aux générations futures. Gageons que la sortie ratée de Dakar sera bien négociée pour préparer l'avenir d'un judo algérien, qui a de grandes capacités de se redéployer car ses ressources humaines, notamment, sont grandes et émérites. Ne dit-on pas «à quelque chose malheur est bon», alors…