Mohammed El Senoussi, le prince héritier de Libye en exil, a promis hier de «tout faire» pour aider à la création d'un Etat démocratique dans le pays, plaidant pour un retour au moins transitoire à la monarchie constitutionnelle. «C'est au peuple libyen de décider s'il veut s'engager sur la voie d'une monarchie constitutionnelle ou d'une République», a-t-il déclaré lors d'une audition au Parlement européen à Bruxelles. La Constitution libyenne de 1951, amendée en 1963, qui établissait une monarchie constitutionnelle et désignait comme roi le grand oncle de M. El Senoussi, Mohammed Idris Al Mahdi El Senoussi, et à ses héritiers, «pourrait moderniser de manière adéquate, constituer la base d'une nouvelle Libye», a-t-il estimé. Même si elle n'a pas été en vigueur depuis 42 ans, «il n'y a pas de fondement plus solide que la Constitution disponible pour la transition politique en Libye, pas plus qu'il n'est vraisemblable que toute autre puisse être décidée à court terme», a-t-il jugé. «Mon rôle est clair. Que le peuple veuille ou non une monarchie constitutionnelle, je vais faire tout mon possible pour aider à la création d'un Etat démocratique pour les Libyens, fondé sur un Parlement représentatif choisi lors d'élections libres et équitables», a-t-il précisé. Concernant le Conseil national de transition (CNT) libyen, l'organe représentant la rébellion basée à Benghazi, M. El Senoussi a estimé qu'il avait «de bonnes relations avec lui» et qu'il le soutenait à l'instar de «tout groupe ou organisation travaillant dans l'intérêt du peuple». Mais «il n'est que transitoire», a jugé le prince héritier. Casting royal pour l'Occident A la chute du dirigeant actuel Mouammar El Gueddafi, le CNT va «inévitablement» quitter Benghazi pour rejoindre Tripoli et devra «céder la place à un nouveau conseil fait de représentants de toute la Libye, afin de permettre la tenue d'un référendum pour choisir la forme de gouvernement désirée» par le peuple, selon lui. Mohammed El Senoussi, 48 ans, est le petit neveu du roi pro-britannique Idriss 1er, chassé par Mouammar El Gueddafi à l'issue d'un coup d'Etat en 1969. L'actuel dirigeant libyen a assigné à résidence son père à peine désigné prince héritier, avec son épouse et leurs huit enfants, alors que le petit Mohammed était âgé de 7 ans. En 1988, son père a émigré avec sa famille à Londres, où il est décédé en 1992. Il était invité hier à Bruxelles à l'initiative du groupe ECR (Conservateurs et réformateurs européens), qui regroupe notamment les élus conservateurs britanniques de David Cameron. Il a aussi plaidé pour un engagement accru de la communauté internationale en Libye afin d'augmenter la pression sur le colonel El Gueddafi. Le prince héritier n'a par ailleurs pas exclu un éventuel recours à des troupes au sol. «Jusqu'ici, les Libyens n'en veulent pas vraiment», a-t-il relevé. «A l'avenir, cela dépendra des Libyens vivant en Libye» de le demander.