Plus de 1,6 million d'articles contrefaits ont été saisis par les services des Douanes algériennes en 2010, selon Hannoun Mokrane, inspecteur divisionnaire de la direction générale des Douanes. Les saisies opérées l'année dernière, qui sont à prendre «avec beaucoup de réserves», dira-t-il, sont loin de refléter la réalité du terrain. «La contrefaçon, qui est en augmentation permanente, agit surtout dans le marché informel qui ne peut être cerné avec des chiffres exacts», a estimé jeudi dernier M. Hannoun, à l'occasion d'une journée d'étude consacrée au phénomène de la contrefaçon. En 2008, les Douanes ont pu intercepter près de 2,3 millions d'articles contrefaits, a rappelé ce responsable, cité par l'APS. En revanche, la valeur des produits saisis n'a pas été communiquée. Selon une étude menée récemment par le groupe pour la protection des manques en Algérie, la contrefaçon fait perdre à l'économie nationale 20 milliards de dinars, soit environ 236 millions d'euros. La majeure partie des produits contrefaits saisis, l'année écoulée, concerne la pièce de rechange automobile, les produits cosmétiques et les cigarettes (41%), selon cet inspecteur divisionnaire. Aussi, les articles de sport représentaient un grand pourcentage des saisies opérées. Fait notable, environ 61% de produits contrefaits et saisis par les Douanes en 2010 proviennent de la Chine qui reste toujours en tête des pays pourvoyeurs de l'Algérie en produits contrefaits. Quotidiennement, la direction des Douanes est destinatrice d'une quarantaine de requêtes dont la moitié se solde par l'établissement de bulletins d'alerte, à en croire ce responsable. Outre la confiscation, pour la destruction et la mise hors du circuit commercial des produits contrefaits, la loi prévoit à l'encontre des personnes impliquées des amendes égalant une fois la valeur du produit confisqué et une peine d'emprisonnement de 2 à 6 mois. Auparavant, le champ d'intervention des Douanes était limité aux produits d'importation et aux produits sous surveillance douanière. Ce n'est plus le cas. Les Douanes peuvent intervenir lorsque la marchandise est soupçonnée d'être contrefaite sur l'ensemble du territoire national et aussi celle destinée à l'exportation, a-t-il conclu. A noter que l'Algérie est souvent épinglée par différents organismes internationaux pour ses manquements en matière de lutte contre la contrefaçon et de préservation de la propriété intellectuelle et industrielle. Le dernier en date est celui d'un rapport annuel établi par les services du représentant au commerce international américain (USTR). Ce denier classait, en 2009, l'Algérie à la 3e place, sur une liste rouge de onze pays dits de «surveillance prioritaire». Après la Chine et la Russie, l'Algérie serait le pays qui lutte le moins contre la contrefaçon, selon les conclusions dudit rapport. Des économistes avancent par ailleurs que la question de la contrefaçon a eu un impact négatif sur la démarche de l'Algérie à adhérer à l'Organisation mondiale du commerce, d'autant plus que l'Union européenne insiste sur le respect strict des règles concernant la protection de la propriété intellectuelle.