Tout un peuple attendait un discours à la hauteur de ses espoirs, de ses luttes et de ses exigences. Un discours annonciateur de réformes politiques fondamentales. Un discours qui tiendrait compte des manifestations imposantes des différents syndicats autonomes et surtout de la jeunesse estudiantine. Un discours en résonance avec la nature de mutations intervenues dans le monde, ou en cours ; notamment les changements bouleversant, aujourd'hui, la carte politique du monde arabe, depuis longtemps sous le joug de dictatures obsolètes, corrompues et dépassées. Un discours à la hauteur de l'exemple donné par la Révolution algérienne aux damnés de la terre qui, dans le temps, engagèrent les ruptures révolutionnaires devant les mener à arracher leur indépendance.En ce vendredi 15 avril 2011, nous étions bien loin de l'esprit de Novembre 1954 ; et, comme le dit le proverbe populaire, «e'nnar djib err'med», le feu ne donne naissance qu'à la cendre ! L'évocation de Novembre 1954 n'est pas fortuite, parce qu'à la veille de la célébration du cinquantième anniversaire de notre accession à l'indépendance, le peuple attendait l'émergence d'un nouveau souffle et l'annonce d'une ère politique, économique et sociale d'envergure.II lui fut servi un bredouillis de mesures inconsistantes, par leur imprécision et leur généralité, perpétuant le cycle des fuites en avant et visant à faire perdurer un système menant l'Algérie droit dans le mur. Il administrait ainsi la preuve éclatante que le changement réel et véritable ne pouvait advenir du système lui-même, mais par sa chute comme cela est en train de se produire en Tunisie et en Egypte. Bien des mesures ont été esquissées et certaines esquivées. Parmi toutes celles évoquées à la hussarde, la révision de la Constitution tient une place centrale, pour ne pas dire capitale. Car il est une seule mesure qui redonnera au peuple algérien, la souveraineté dont il a été spoliée depuis l'indépendance: l'organisation concertée, avec toutes les institutions et forces qui comptent dans le pays, d'une Assemblée nationale Constituante, contre laquelle les arguments fumeux, avancés par les adeptes du statu quo, apparaissent dérisoires, parce qu'intéressés par la perpétuation de l'Etat rentier, corrompu et corrupteur. La révision de la Constitution n'est pas une affaire d'experts mais de volonté populaire. II s'agit de définir le nouveau contrat devant lier le peuple à ses gouvernants; un contrat fondé sur la séparation effective des pouvoirs et le contrôle démocratique, exercé par le peuple, à tous les niveaux de l'édifice institutionnel. Et ce nouveau contrat, seule une Constituante peut en définir les règles essentielles. C'est la raison pour laquelle, le Comité de défense des libertés syndicales (COLS) joint sa voix à toutes celles qui se sont déjà exprimées à ce sujet, pour que le nouveau contrat constitutionnel, et les grandes lignes de force du développement économique et social, ainsi que celles de la nouvelle gouvernance soit définis, non pas au sein d'un quelconque Comité d'experts, mais par une Assemblée nationale Constituante. Le Comité de défense des libertés syndicales (CDLS Alger le 17 avril 2011