Le secrétaire général du Comité de liaison de la route transsaharienne (CRLT), Mohamed Ayadi, a estimé hier que «la construction d'une route bitumée ne suffit pas à elle seule pour accélérer les échanges commerciaux». Intervenant à l'ouverture des travaux de la 54e session du CRLT, M. Ayadi a plaidé pour la création d'une instance de promotion des échanges commerciaux et d'un plan d'aménagement régional sur les axes Alger-Lagos et Alger-Gao afin d'effectuer un véritable rattrapage économique, notamment dans les régions frontalières. Au plan pratique, le secrétaire général du CRLT préconise le développement de projets profitables aux populations de l'extrême sud, tels que la création de villages touristiques, l'encouragement des activités d'élevage, la création d'exploitations agricoles, l'intégration de projets d'énergie solaire, etc. Des activités qui, au sens de M. Ayadi, créeront une dynamique économique et sociale, permettront d'impulser le trafic et les échanges et de tirer profit de infrastructures routières. M. Ayadi base son analyse sur les conclusions d'une étude initiée par le CRLT sur les potentialités d'échanges commerciaux entre les six pays traversés par la Transsaharienne. Il en résulte un constat sans équivoque sur le fait que le flux des échanges routiers emprunte les liaisons Alger-Tunis au détriment de l'axe central de la Transsaharienne Alger-Lagos qui ne représente que 0,9% des flux import-export. Selon le constat du CRLT, «les échanges entre l'Algérie et la Tunisie d'un côté et les pays subsahariens de l'autre demeurent faibles malgré la disponibilité de l'axe transafricain Alger-Lagos de 4500 km entièrement revêtu». Cette situation, estime M. Ayadi, est «à l'image du commerce intrarégional sur le continent qui était et demeure également faible dans la mesure où il représente quelque 10% du commerce total du continent, tandis que la part du commerce international stagne en dessous de 3%». A propos de l'objectif de désenclavement des zones déshéritées, M. Ayadi souligne l'évolution du trafic qui, «sur les 1400 km entre El Goléa et la frontière du Niger, a atteint 5000 véhicules par jour à l'approche de Tamanrasset et 100 véhicules/jour à l'approche de In Guezam». «Tel n'a pas été le cas pour le Tchad et le Mali», fait observer M. Ayad qui précise que «le trafic mesuré au niveau des postes-frontières de Timiaouine et Tinzaouatine est de moins de 20 véhicules par jour.» Il est à noter que, selon le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, «le tronçon algérien de la Transsaharienne sera parachevé fin 2014-début 2015, après la réalisation de deux nouvelles extensions de 400 km chacune reliant Tamanrasset-Timiaouine et Tamanrasset-Tinzaouatine». M. Ghoul a estimé par ailleurs les investissements nécessaires au parachèvement du tronçon nigérien de 230 km reliant Assamaka à Arlit – dont les travaux seront lancés prochainement pour une durée 36 mois – à 100 millions de dollars. Le ministre précise que sur les 9000 km de la Transsaharienne, quelque 8000 km sont d'ores et déjà achevés, dont la partie algérienne de quelque 2400 km et qui a mobilisé 3 milliards de dollars. Les 1000 km restants sont situés au Niger, au Tchad et au Mali.