Une quarantaine d'enfants atteints de phénylcétonurie, une maladie génétique grave, risquent une détérioration de leur état de santé en raison du manque de leur aliment essentiel, à savoir le lait sans phénylalanine XP Maxa Med (1er et 2e âges). Le produit en question (1500 boîtes) est importé à marge nulle par un laboratoire algérien pour le compte d'une association caritative. Ce lait est bloqué depuis le mois de février dernier au niveau du port à Alger pour manque de notice en langue arabe. Ce type de produit, pourtant nécessaire pour éviter à des nourrissons un handicap mental irréversible (atteinte cérébrale), est classé sur la liste des compléments alimentaires soumis par la loi au marquage en langue nationale et à 56% de droits et taxes. La direction de la concurrence et des prix (DCP) a refusé de délivrer le visa de contrôle qualité pour absence de notice en langue arabe malgré toutes les démarches de l'association Inner Wheel (roue dans roue) créée en 1999. Le problème reste posé. Pour la présidente de l'association, Mme Allouache, une quarantaine d'enfants risquent de se voir du jour au lendemain handicapés. «Le lait en question est mis à la disposition des parents gratuitement depuis 2007. L'enfant a besoin de quatre boîtes par mois et ce, jusqu'à l'âge de 8 ans. Le prix d'une boîte est de plus de 10 000 DA. Nous avons sollicité toutes les institutions, à savoir les ministères de la Santé, du Travail et de la Sécurité sociale, de la Solidarité mais en vain, personne n'a rien fait encore», regrette-t-elle, avant de qualifier cette situation de scandaleuse. Mme Allouache a tenu à dénoncer l'absence de dépistage précoce de cette maladie à la naissance alors qu'elle est inscrite dans le carnet de santé. «Nous vivons un drame», implore-t-elle sans que les responsables bougent le petit doigt. «Le lait en question qui est, en fait, un médicament permet un développement normal de l'enfant. Comment peut-on rester insensible à cet état de fait ? Mais pourquoi nos responsables s'enferment-ils dans un tel autisme ?», s'interroge-t-elle. Du côté du laboratoire, le directeur général de la société importatrice Vapropharm affirme que toutes les dispositions réglementaires ont été respectées mais «la DCP refuse toujours de délivrer le visa de contrôle qualité alors que nous avions importé cette forme depuis trois ans. Malgré le paiement d'une amende de 200 000 DA et un courrier expliquant la gravité et l'irréversibilité des lésions neurologiques aboutissant inéluctablement à un handicap pour le patient, la DCP s'obstine dans son refus», a déclarer M. Nabil, directeur général, en précisant que le ministère du Commerce a été saisi le 4 avril dernier ainsi que les ministères de la Solidarité, du Travail et de la Sécurité sociale et de la Santé. Dans une réponse datant du 11 avril à cette doléance, le secrétaire général du ministère de la Santé affirme avoir saisi le secrétaire général du ministère du Commerce «pour le sensibiliser à la situation d'urgence que vivent les nourrissons atteints de phénylcétonurie et lui demander d'intervenir auprès de ses services, à savoir la DCP, à l'effet de permettre la sortie au niveau portuaire du lait spécial sus-visé en objet». Interrogé à propos de ce blocage, un chef de service à la DCP, joint hier par téléphone, confirme l'existence du dossier mais signale que «la notice en langue nationale est souvent demandée pour les produits électroménagers et non pas pour des médicaments ou des laits». Il a promis de nous rappeler cinq minutes après pour de plus amples informations, mais en vain.