L'actuel programme de réalisation de logements LSP a été confié aux OPGI et autres agences foncières, excluant ainsi l'opérateur privé. Abdelmadjid Dennouni, président de l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA), a dénoncé, hier, la politique discriminatoire de l'Etat vis-à-vis des entreprises privées du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique (BTPH). S'exprimant lors d'une conférence-débat organisée au centre de presse d'El Moudjahid, M. Dennouni a déploré le traitement de faveur réservé par les pouvoirs publics aux entreprises publiques dans l'octroi des marchés publics : «Les entreprises publiques ont été assainies à coups de milliards de dinars. Ces mêmes entreprises continuent à bénéficier aussi de marchés de gré à gré dans le cadre des contrats de performance. On n'est pas contre ces contrats, mais il faut traiter sur le même pied d'égalité les entreprises privées et publiques.» Pour étayer ses propos, il souligne que l'actuel programme de réalisation de logement LSP a été confié aux OPGI et autres agences foncières. «Le ministère de l'Habitat est en train de faire fausse route», a-t-il dit. «Nous ne voulons pas sous-traiter avec les entreprises publiques, nous voulons être des partenaires», ajoute-il. La sous-traitance entre les entreprises des deux secteurs va occasionner une hausse des coûts des marchés, prévient l'orateur. «Les coûts des marchés vont augmenter. Et c'est le Trésor public et le citoyen qui vont payer le prix», affirme-t-il. Abordant le secteur de l'hydraulique, M. Dennouni s'est montré inquiet : «Le cahier des charges stipule qu'il faut avoir de l'expérience dans l'hydraulique alors que la nature des travaux relève du bâtiment. Des directeurs de wilayas refusent l'application d'une circulaire ministérielle en excluant des marchés la catégorie du bâtiment.» Par conséquent, environ 25 000 diplômés en génie civil et architecture se trouvent dans l'impossibilité de créer leurs propres entreprises, indique-t-il, en plaidant pour la refonte du décret de qualification. Dans le même ordre d'idée, il dénonce l'établissement des cahiers de charge «sur mesure» qui font perdre à l'Etat des milliards de dinars. «Il faut que cela soit ouvert à la concurrence. La qualification doit s'appuyer sur le moins disant. Il faut assainir la situation, car il y va de la dignité de l'Etat», exige M. Dennouni. Même son de cloche de Moussa Talaktrane, vice-président de l'UGEA : «Des marges préférentielles de 15% sont octroyées aux entreprises publiques. Les pouvoirs publics leur accordent également des ressources financières importantes pour sortir de la faillite tandis que les entrepreneurs privés ne bénéficient de rien. On veut le même traitement.» Entre 2004 et 2009, les programmes de logement ont été réalisés à hauteur de 86% par des professionnels privés, dit-il, citant le ministère de l'Habitat. «Or, à notre grand étonnement, nous découvrons actuellement que le programme de logements promotionnels aidés (LPA) a été confié aux OPGI, à l'AADL et autres agences foncières. Nous voulons qu'il y ait concurrence. Ce n'est pas en marginalisant le privé qu'on va avancer», s'attriste-t-il. Cette opération «aberrante», d'après lui, va engendrer des surcoûts et le mètre carré bâti pourra passer de 30 000 DA à 32 000 DA car les entreprises publiques vont sous-traiter ces projets. Un autre membre de l'UGEA appelle à l'application «intégrale» du code des marchés publics «sans distinction» entre entreprises privées et publiques. Le secteur du BTPH compte 200 entreprises publiques et 62 000 privées et emploie près de 1,3 million de travailleurs.M. Dennouni conclut, par ailleurs, que les entrepreneurs privés du BTPH sont «suffisamment outillés» pour participer massivement à l'exécution des programmes d'infrastructures 2010-2014.