On aura finalement eu tort de penser que le jeune chef d'Etat syrien pouvait être moins criminel que son père. C'est une image pitoyable que donne de lui Bachar, le fils de son père. En dix années de pouvoir, il aura bien intériorisé les méthodes expéditives de son père comme pour se montrer «digne» dans l'ignominie. Bachar est désormais un jeune apprenti dictateur dont la cruauté n'a rien à envier à celle des sinistres El Gueddafi et Saleh. Il a massacré au moins 500 personnes parmi ses milliers de compatriotes depuis le 15. Leur péché ? Avoir réclamé de lui qu'il rafistole un peu son régime fossilisé, qui survit grâce à la muselière et la baïonnette. Les jeunes de Deraa, Haleb, Damas, Homs et Banias découvrent, horrifiés, que chez les Assad, la liquidation physique des opposants est une pulsion génétique qui se transmet de père en fils. Le grand - de taille - Bachar est visiblement loin d'être un enfant de chœur. Ni de cœur d'ailleurs. Des hommes, des femmes, des jeunes et des enfants sont sauvagement tués sur la place publique par son bras armé et dans un massacre à huis clos. Seules quelques images insoutenables de sauvagerie, volées par le moyen des téléphones portables, donnent la couleur et restituent la douleur des manifestants syriens entre les mains de Bachar. Une guerre sans image que cet héritier du «trône» de Damas a imposée à son peuple à coups de chars et autres engins dignes d'une expédition colonialiste. De gros moyens qu'Al Assad n'a pas jugé utile d'utiliser contre Israël pour récupérer son Golan occupé et judaïsé depuis 1967. Il a préféré les envoyer à la ville frondeuse de Deraa pour martyriser sa population. Terrifiantes ces images de crânes fracassés, de visages ensanglantés de femmes, d'hommes et d'enfants abandonnés sur la place publique. Pathétiques aussi ces cris de douleur et ces appels au secours lancés par ceux qui ont la «chance» de survivre aux snipers d'Al Assad à Deraa et ailleurs. La conscience humaine est plus que jamais interpellée face à cette boucherie ininterrompue perpétrée quasi quotidiennement par ce tueur en série qu'est devenu Bachar Al Assad. Pour la seule journée d'hier, près d'une vingtaine de personnes ont subi la furie criminelle du régime baasiste à Deraa. Mais que peuvent les balles du gardien du temple alaouite à Damas contre la formidable détermination des Syriens à exister et à se libérer des fourches caudines de la dynastie des Al Assad ? Les milliers de manifestants qui ont défilé bruyamment hier dans toutes les villes de Syrie pour réclamer, non pas la réforme mais la chute du régime cette fois, donnent de l'espoir à ce peuple qu'on croyait définitivement résigné. Le message est limpide : tuez, tuez, il en restera toujours quelque chose. Damas mérite bien mieux qu'un tueur en série. En Syrie…