du côté du complexeRécemment installé, ce dernier est contesté et les travailleurs et ne se reconnaissent pas dans tout ce qu'il entreprend. Il en est de même des griefs portés à l'endroit de l'employeur qui « se distingue par la hogra, le clientélisme dans le recrutement et les promotions... », lit-on dans la requête signée par plus de la moitié du personnel. Au même moment, le tribunal d'El Khroub prononce l'acquittement d'un représentant des travailleurs à la suite d'une plainte du directeur du complexe. Ce dernier n'a pas jugé utile de se présenter aux multiples audiences, afin de statuer sur l'affaire qu'il a intentée pour « insultes proférées à son endroit lors des élections syndicales ». Pour rappel, les ateliers de production de ce complexe n'ont pas cessé de vibrer par leurs mouvements sociaux qui ont alimenté la chronique des médias une décennie durant. Depuis la disparition tragique de deux ouvriers à la suite de l'inhalation de tabac périmé importé d'Inde, le syndicat des travailleurs n'a pas cessé de mobiliser ses troupes pour dénoncer de telles négligences regrettables. Plusieurs actions (assemblées générales, pétitions , rassemblements , grèves) ont été menées par le syndicat qui a arraché plusieurs acquis, notamment des augmentations salariales que d'autres secteurs « avant-gardistes » de la métallurgie et des constructions mécaniques leur envient ! Sans parler des avantages représentés par l'octroi d'un quota de cigarettes équivalant à 20 000DA /semestre attribué à chaque salarié au prorata du nombre de journées effectivement travaillées et cela en contradiction avec la réglementation qui interdit toute rétribution en nature ! Les ambitions syndicales des uns à vouloir admettre leurs points de vue sur la stratégie de l'entreprise et l'intransigeance de l'employeur à ne pas céder sur ce qu'il considère comme ses prérogatives ont atteint leur paroxysme. Un délégué du personnel a été traduit devant le tribunal et condamné pour délit diffamatoire à l'endroit du directeur. Son tort est d'avoir émis des réserves écrites assorties de critiques au sein des organes légaux du comité de surveillance, dont il est membre, quant à la gestion du complexe ! De son côté, le syndicat de l'entreprise « est mis dans le collimateur des instances syndicales horizontales (UL et UW/ UGTA) déterminées à en découdre avec les syndicalistes récalcitrants, afin de normaliser le mouvement ouvrier dans le moule de la réconciliation nationale initiée par le pouvoir », nous confie un technicien. Des élections de renouvellement du syndicat se sont déroulées, alors, dans un climat tendu caractérisé par des intimidations et un appel au boycott émis par le syndicat sortant. Les travailleurs seront « divisés entre les partisans de la nouvelle structure de représentation inféodés à l'employeur et les récalcitrants », soutient un travailleur des ateliers des tabacs à mâcher et à priser. Depuis, le différend syndico-syndical fut porté devant la juridiction sociale qui a déclaré son incompétence et estimé que son règlement relève des prérogatives des instances syndicales. « Les travailleurs furent désorientés par cette crise de la représentativité ouvrière d'autant que le décalage existant entre la conscience syndicale des travailleurs et les objectifs proclamés par l'‘'élite syndicale'' contestatrice relève du gauchisme », nous confie un cadre syndical qui regrette le climat de peur qui s'est instauré et qui entrave « les tentatives de remobilisation des troupes, en vue d'une reprise de l'initiative devenue difficile et complexe », ajoute notre interlocuteur déçu par le fait que la normalisation recherchée par l'employeur et les instances de l'UGTA semblent s'installer. « C'est à ce moment que le contrôle de la commande du complexe des tabacs ne devient plus un enjeu mais une simple formalité administrative », conclut-il. Serait-ce l'achèvement d'une expérience du mouvement ouvrier et syndical dans sa phase de reflux, aggravé par la rente comme fondement du système socio-économique ? « Ce timide mouvement pétitionnaire semble augurer les prémices d'un nouveau type de syndicalisme qui s'inscrit en opposition à la stratégie de filialisation annoncée par le directoire de l'entreprise », renchérit un ouvrier des ateliers de la cigarette qui s'inquiète du devenir de « son » entreprise concurrencée déloyalement par le trabendo et les fabriques clandestines. Il cite en exemple la faillite de l'entreprise privée Allumettes algériennes (AA) ainsi que les ventes à perte de la production de ce produit (allumettes) par la SNTA qui, faut-il le rappeler, contribue beaucoup à la fiscalité et au soutien financier de la santé publique. Les travailleurs craignent pour leur emploi et l'avenir de leur outil de production d'autant que l'environnement leur est hostile comme ils s'invitent à tirer sereinement les leçons de l'expérience vécue, loin de tout populisme... !