Son hobby, c'est découvrir et faire découvrir aux autres la gastronomie constantinoise. Et par extension, les traditions vestimentaires et ornementales. Nous parlons de Nassira Facih, une Constantinoise passionnée des traditions de cette cité millénaire. «La cuisine traditionnelle constantinoise est uniquement orale, elle n'est pas répertoriée, je pense qu'elle n'a fait l'objet d'aucune recherche digne de ce nom», déplore-t-elle. Pour elle, parler cuisine, c'est aussi évoquer le raffinement des Constantinois d'antan, les différentes façons et divers rituels avec lesquels étaient présentés les mets, l'habillement, l'ornement, inhérents à chaque occasion, et même à chaque moment de la journée. C'est au palais Ahmed Bey que nous l'avons rencontrée, dans le cadre du mois du patrimoine. Une des nombreuses alcôves mauresques abritait son exposition, reproduisant la «qaâda» autour de la fameuse «siniya» pour le sacro-saint café de l'après-midi. «Le plateau comporte quatre sortes de gâteaux spécifiques à Constantine, tels le makroud, la baqlawa, la pâte d'amande, la galette de datte, sans omettre la confiture de bigarade ou de pamplemousse qui étaient appréciées pour leur amertume; le tout est bien sûr confectionné à base de miel pur, d'eaux florales maison, et autres ingrédients que nous remettons au goût du jour», explique-t-elle. En parallèle, elle poursuit des recherches sur les secrets et les astuces de la gastronomie constantinoise, notamment auprès de doyennes connues pour leur dextérité dans ce domaine. L'art culinaire l'a menée à la tradition vestimentaire. Elle a ouvert un atelier, où des jeunes filles rémunérées s'appliquent, sous son égide, à réaliser de magnifiques costumes masculins: burnous, pantalon bouffant et gandoura, ainsi que des tenues anciennes féminines brodées de fil d'or. Cette dame, dont la passion pour les traditions constantinoises ne fait que grandir, compte creuser plus avant dans l'histoire de la ville et les mœurs culinaires de ses divers occupants à travers les âges. Pour les amateurs de cuisine traditionnelle, elle a mis au point un ouvrage, en 2009, intitulé «Racine», paru aux éditions Numidia, qui présente, avec photos et force détails, des mets anciens, presque oubliés aujourd'hui. En 1987, elle avait obtenu un 1er prix lors d'un concours culinaire à Bruxelles. Actuellement elle poursuit avec bonheur un cycle d'expositions, concourant à promouvoir sa ville auprès des autres régions du pays.