Selon le ministre malien des Affaires étrangères Soumeylou Boubèye Maiga, ancien ministre de la Défense et ex-chef des services de renseignement maliens, la mort de Ben Laden «accroît le risque d'une fuite en avant» des islamistes d'AQMI. Dans un entretien au Monde (daté d'hier), le ministre malien des Affaires étrangères considère que les conséquences de la mort d'Oussama Ben Laden sur l'activité d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) sont «paradoxales : d'un côté, AQMI se voit privée de sa principale source d'inspiration idéologique et opérationnelle ; de l'autre, l'événement accroît à court terme le risque d'une fuite en avant. Les islamistes d'AQMI n'ont jamais eu besoin matériellement d'Al Qaîda central. Mais ils bénéficiaient de sa notoriété médiatique, notamment pour coaliser les islamistes des différents pays de la région. A présent, la confrontation devient plus directe. La mort d'Oussama Ben Laden soustrait le Sahel du champ d'affrontement global «Al Qaîda contre Occident». Cette concentration sur un espace dont l'immensité est un défi pour les Etats laisse craindre une autoradicalisation». Le MAE malien affirme aussi que «les événements de Libye accroissent le potentiel de violence dans la région : nous avons enregistré sur notre territoire un afflux d'armes lourdes volées dans les arsenaux libyens. C'est une menace de plus, non seulement pour les étrangers, mais pour l'Etat malien lui-même». Nommé ministre des Affaires étrangères par le président Amadou Toumani Touré le 7 avril dernier, Soumeylou Boubèye Maiga a déclaré que sa feuille de route consiste à «réactiver nos relations avec des pays comme l'Algérie et la Mauritanie, qui estimaient insuffisant l'engagement malien contre le terrorisme. Je reviens d'Alger, je suis aujourd'hui [lundi 2 mai] en Mauritanie et serai, jeudi, au Niger. Ces Etats sont désormais dans de meilleures dispositions à notre égard». Il a également précisé que les chefs d'état-major des pays en question se sont réunis vendredi 29 avril à Bamako et qu'une réunion des ministres des Affaires étrangères, vers le 20 mai, à Bamako, précédera une visite du président Amadou Toumani Touré à Alger.