Quelques heures après cette déroute, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, revient sur cette sortie ratée et ses implications sur l'avenir de la sélection, d'abord, et du football algérien, ensuite. Comment avez-vu vécu la débâcle de dimanche face au Gabon ? Très mal dans la mesure où elle nous a plongés dans une situation difficile. Je concède qu'elle l'était un peu avant le coup d'envoi dans la mesure où la sélection ne comptait que deux points après trois journées. La défaite contre le Gabon l'a accentuée. Vous dire qu'elle (la défaite) m'a fait mal n'est rien comparativement à la déception qu'ont ressentie les millions de supporters de l'équipe nationale. Cette défaite nous a fait revenir sur terre. Je mentirais en disant qu'elle était prévisible parce qu'avant le coup d'envoi rien ne laissait présager une telle issue. Que dire de plus. Les mots ne suffiront jamais à traduire les moments pénibles que nous avons vécus dimanche soir à Annaba. Ce résultat risque-t-il de remettre en cause la politique tracée par la fédération depuis votre intronisation, il y a bientôt quatre ans ?Je pense que c'est l'erreur fatale qu'il ne faut pas commettre. La défaite face au Gabon, malgré tout ce qu'elle a libéré comme déception, dépit, tristesse et colère, ne doit pas nous détourner de la voie tracée en novembre 2000. Remettre en question tout ce qui a été entrepris serait, je pense, une grave erreur qui compromettrait encore un peu plus les chances de voir un jour notre football reprendre sa place dans le concert continental, d'abord, et international, ensuite. Beaucoup de choses positives ont été réalisées. Malheureusement, elles n'ont pas été suffisamment mises en relief. Au plan de l'organisation, nous avons structuré notre football avec la mise en œuvre de la pyramide complétive (FAF, LNF, ligues régionales et de wilaya, DTNA), les textes et règlements ont été mis en adéquation avec ceux de la Confédération africaine de football (CAF) et de la FIFA. D'aucuns feront remarquer que cela n'a pas empêché l'Algérie de sombrer devant le Gabon. Que puis-je faire, sinon enregistrer ce qui s'est passé. Je ne cherche nullement à me dédouaner par rapport à cette défaite et encore moins à fuir mes responsabilités que j'ai toujours assumées dans l'exercice de mes fonctions. Je ne suis pas un homme qui rejette ses responsabilités. Au contraire, je les assume pleinement, comme je l'ai fait dimanche soir. J'ai passé une bonne partie de la nuit avec les joueurs et le staff technique pour tenter de comprendre les raisons de la défaite. Avez-vous trouvé des réponses à ce qui s'est passé sur le terrain ?Nous avons longuement discuté et chacun a donné son point de vue. Permettez-moi de ne pas divulguer ce qui a été dit dans un cadre confidentiel. En les quittant, j'avais une idée plus claire sur une partie des raisons de l'échec. Après le match, il était beaucoup question du limogeage du sélectionneur Robert Waseige. S'achemine-t-on vers cette issue ?Je crois qu'il était un peu prématuré d'avancer quoi que ce soit juste après le match et de dire si Robert Waseige serait limogé ou maintenu dans ses fonctions. Dans pareille circonstance, il est préférable de prendre un petit recul avant de se prononcer. Nous allons nous voir mardi (aujourd'hui) pour aborder toutes les questions, notamment celle de son avenir à la tête de la sélection. N'oublions pas que nous allons être bousculés par le temps puisque dans un mois, le 9 octobre, l'Algérie affrontera le Rwanda. C'est tout cela qu'il faut prendre en considération, sans perdre de vue l'intérêt de l'équipe nationale. Une croix est mise sur la Coupe du monde 2006. Il ne reste que la CAN 2006 et une hypothétique qualification qui semble loin de la portée des Verts... Il reste six matches et dix-huit points à prendre. Nous allons faire le maximum pour arracher la qualification à la CAN 2006. Je pense honnêtement qu'on peut se classer parmi le trio de tête si le groupe de joueurs que nous avons a récupéré ses moyens et surtout sa confiance qu'il semble avoir perdus dimanche. Je ne suis pas le seul à dire qu'à la CAN 2004 notre équipe avait montré un beau visage et nourri de grands espoirs mais que le nul (0-0) devant l'Angola à Annaba a quelque peu refroidi. Les jeunes se sont ensuite rachetés face au Zimbabwe (1-1) et le Nigeria (0-1) où ils n'ont pas été ridicules, surtout à Abuja. Leur contre-performance de dimanche ne doit pas tout remettre en cause. C'est peut-être un simple accident de parcours dont aucune équipe au monde n'est à l'abri. Les semaines et les mois à venir s'annoncent difficiles...Depuis mon élection à la tête de la fédération, rien n'a été facile. Il a fallu se battre tous les jours pour redonner à la fédération sa crédibilité, aux ligues une organisation harmonieuse et aux différentes sélections les moyens adéquats pour progresser et entrevoir l'avenir sous de meilleurs auspices. Je concède qu'il reste beaucoup à faire dans de nombreux domaines. Lesquels, par exemple ? D'abord, faire aboutir le dossier de la refondation du football. Ensuite, parfaire la mise à niveau des infrastructures sportives. Et enfin, s'engager résolument dans la politique des jeunes et des centres de formation. Je maintiens qu'il faut engager à tout prix le dossier de la refondation du football élaboré en 2002. Sa mise en œuvre et son application garantiront la renaissance du football algérien tant attendue par nos compatriotes. Je ne cherche pas d'excuses à ce qui s'est passé dimanche, mais trouvez-vous normal que l'équipe nationale qui prépare un match de Coupe du monde soit perturbée deux nuits de suite par des célébrations de mariage dans l'hôtel où elle logeait ? Les joueurs ont difficilement trouvé le sommeil ces nuits-là, c'est-à-dire à moins de quarante-huit heures du match contre le Gabon. Trois heures avant le coup d'envoi, nous étions en train de prier des responsables pour que la pelouse du stade soit tondue. Notre salut passe, de mon point de vue, par un engagement clair et sans faille en direction des jeunes. Tant qu'ils seront maintenus dans l'état actuel, c'est-à-dire marginalisés, le football algérien n'avancera pas. Les jeunes, la formation, les centres de formation sont les seules voies qui peuvent nous permettre de retrouver notre lustre d'antan. Sans cela, il n'y a point de salut pour notre football. Il y a quand même un espoir de voir un jour le football algérien revenir au premier plan... Sans aucun doute ! Il suffit de mettre en œuvre les décisions retenues dans le cadre de la refondation du football. Sa concrétisation demandera beaucoup de temps et de moyens. La refondation est incontournable. Mieux vaut la mettre en pratique dans les meilleurs délais.