Les villages d'Imellahène, dans la commune de Feraoun, 50 km au sud-est de Béjaïa, réputés pour la production artisanale du sel, se trouvent ces derniers temps face au risque de dépérissement de ce métier ancestral qui constitue l'une des parties patrimoniales de la région. L'histoire de ce produit, qui résulte de l'évaporation des eaux salines sous l'effet de la chaleur du soleil, remonte à l'existence d'une époque lointaine de l'homme dans la région. Selon les vieux habitants de cette région, l'apparition de la source d'eau saline a fait suite à un geste miraculeux du dévot Sidi Ahmed Aâdnane, qui en enfonçant sa canne dans le sol a fait jaillir une eau. Aujourd'hui, Timellahine est de plus en plus délabrée et les ruisseaux et autres semi-puits qui assurent la chaîne de production dégradés. Cela n'est pas sans dommages pour les villageois qui s'en désolent à l'exemple de Da L'hadj, un vieux villageois qui nous dit sa désolation : « Timellahine était le gagne-pain de nos ancêtres et leur richesse. Maintenant, cet héritage est dans un état lamentable. Des hommes ont disparu et la relève n'a pas été assurée. » Les habitants des trois villages concernés, que sont Ichekaben, Aït Ounir et Iaâdnanen, préfèrent s'alimenter aujourd'hui en sel traité et conditionné bien qu'ils savent que le sel produit traditionnellement est sans aucun effet négatif sur la santé. A une certaine époque, toutes les localités avoisinantes s'alimentaient en sel de Timellahine, qualifié d'or blanc. « Ça nous fait mal au cœur de voir cette ressource disparaître peu à peu. Elle représente une ressource inestimable qui peut servir la région et ses habitants à condition qu'elle soit exploitée avec rationalité », nous dit Zahir, un étudiant originaire de la région. Faut-il signaler qu'aucune démarche n'a été entreprise de la part des services concernés et du mouvement associatif afin de préserver cette activité qui risque de disparaître définitivement dans une région qui recense plus de 20 000 habitants.