Ce sera finalement à Constantine, en septembre prochain, lors de la troisième session du tribunal criminel, que s'ouvrira le procès de l'ex-wali d'El Tarf, Djilali Aârar, apprend-on de source bien informée. Comparaîtront à ses côtés l'ancien directeur du logement et des équipements publics, l'ancien président et un magasinier de l'APC d'El Tarf, un ancien directeur de l'administration de la wilaya, trois cadres de la direction de l'éducation et deux fournisseurs ; onze personnes en tout. La chambre d'accusation de la Cour suprême a rendu un arrêt qui a également prononcé un non-lieu pour 40 autres personnes qui avaient été impliquées dans ces affaires de «corruption, trafic d'influence, dilapidation de deniers publics, passation de marchés contraires à la réglementation, abus de biens sociaux et subornation de fonctionnaires». Djilali Aârar, wali d'El Tarf de 2003 à 2006, avait fait l'objet d'une interdiction de sortie du territoire national en juillet 2006, avant d'être limogé en octobre de la même année puis placé en détention préventive, à Alger, en décembre 2006. Il sera remis en liberté quelques mois plus tard pour raison de santé. D'autres cadres de la wilaya seront également placés en détention préventive à El Tarf, quelques mois avant d'être libérés, tout en restant à la disposition de la justice. Des libérations qui avaient jeté le doute, en leur temps, sur l'issue de cette grande affaire de corruption. L'ancien wali d'El Tarf devra répondre des ses faits et gestes dans l'affaire dite du «mobilier scolaire» où un fournisseur a été délibérément favorisé ; une affaire qui a pu être éventée grâce à la courageuse détermination des gestionnaires de l'ex-SNLB de Annaba et d'un membre de la commission des finances de la wilaya, Bélaïd Lakhdar. Djilali Aârar est également accusé, avec le DAL, le maire d'El Tarf et le magasinier de la municipalité, dans le transfert irrégulier de 10 millions de dinars de l'APC d'El Tarf vers la wilaya pour la préparation de la visite de Bouteflika en juin 2003. Il a été écarté dans l'affaire qui l'oppose aux exploitants de «la sablière de Righia» où il était accusé d'extorsion de fonds. Le directeur du logement et des équipements publics doit répondre dans l'affaire dite du «lycée de Chbaïta Mokhtar», où se mêlent fausses factures, corruption et travaux fictifs. Une affaire dénoncée par le proviseur de l'époque, qui a ensuite payé chèrement son geste ; il a eu à subir les pires représailles de sa tutelle. Même muté, il n'a pas échappé à la vindicte du directeur de l'éducation de l'époque, curieusement épargné par un non-lieu. A El Tarf, on fait une moue désabusée parce que le procès se déroule à Constantine, mais c'est l'usage dans ce genre d'affaires. Et à ce sujet, on aime à rappeler, non sans une pointe de raillerie, une réplique de Noureddine Zerhouni faite à un élu de l'APN qui s'inquiétait de la longue vacance à la tête de la wilaya après le limogeage de Djillali Aârar : «Nous vous envoyons des gens honnêtes et vous (les gens d'El Tarf, ndlr) vous les mettez en prison.» Les gens avaient été très choqués par cette surprenante sortie et ont renvoyé la politesse avec un soupçon d'humour bien de chez nous : «Il faut le croire sur parole, car il en connaît un bout sur la question…»