Selon des sources dignes de foi et concordantes, Djillali Aârar, wali d'El Tarf, est frappé d'une interdiction de quitter le territoire national (ISTM) depuis vendredi dernier. Les services de sécurité de la wilaya ont été avisés de la mesure où on a relevé que l'ISTM cite Djillali Aârar en tant qu'ex-wali d'El Tarf. Une précision de taille, car elle suppose qu'il n'est plus en fonction. Ce qui va mettre un terme aux spéculations et aux interrogations des citoyens déroutés par le fait qu'il continuait à vaquer aux affaires courantes de la wilaya alors qu'un dossier « l'affaire du wali d'El Tarf et consorts » est en instruction devant la Cour suprême depuis juillet dernier. Djillali Aârar est encore convoqué pour ce 28 octobre à la Cour suprême. Les autres affaires où il est cité par des directeurs de l'exécutif et des élus, on en compte une dizaine pour l'instant, seront jugées dans les tribunaux d'El Kala, d'El Tarf et de Dréan. Djillali Aârar aurait, selon nos sources, refusé de présenter sa démission comme on le lui a conseillé en haut lieu à différentes reprises. Une attitude à mettre en relation avec sa déclaration faite à un confrère à l'issue de son audition par le procureur général d'Annaba en juin dernier, où il promettait de faire des révélations. La mesure qui le frappe vient après le passage jeudi à El Tarf d'une commission ministérielle dont on ignore le but de sa mission. C'est en février dernier, lorsque le ministre de la Justice a ordonné l'ouverture d'enquêtes judiciaires dans l'administration à El Tarf, que Djillali Aârar est formellement mis en cause dans une série d'affaires de corruption et de dilapidation de deniers publics. Affaires mises au jour depuis 2003 par la presse, des entrepreneurs rackettés, et un élu de l'APW, Lakhdar Bélaïd, et qui les ont portées à la connaissance du public et des autorités centrales non sans en payer le prix fort. Des brigades spéciales, notamment de la Gendarmerie nationale vont alors enquêter pendant plusieurs semaines et auditionner plus de 200 personnes. Optimisme chez les uns, sceptisisme chez les autres Les enquêtes à El Tarf sont bouclées en juin avec l'audition de nuit du wali par le procureur général d'Annaba. Le dossier est alors transmis à la Cour suprême. En juillet, le rapport du conseiller qui instruit l'affaire fait état de graves infractions et de détournements. Puis, c'est le grand silence des congés ponctué par ces annonces de grands changements qui ne viendront pas et ajouteront à la déprime générale. Pour la population, « le wali est solidement soutenu en haut lieu et il va s'en tirer comme tous les autres avant lui » et chez les observateurs avertis, « cela a pris du temps car des clans du pouvoir s'affrontent autour de cette histoire où les enjeux et intérêts sont absolument énormes, des centaines de milliards ». Les moins sceptiques font confiance aux institutions de l'Etat « où il ya aussi des Algériens patriotes, intègres et honnêtes et cela a pris du temps, ce sont les délais habituels des rouages de la justice ». En fait, Djillali Aârar n'est vraiment confondu et dévoilé à la population que lorsqu'un investisseur prend son courage à deux mains et avoue à la presse qu'il a été contraint de lui accorder « un prêt » de 1,2 milliard de centimes en échange de la levée des obstacles, c'est-à-dire la fermeture de son projet de Berrihane. En fait, il n'est pas le seul. D'autres suivront son exemple par la suite. Il fait partie du groupe des 6 investisseurs qui, avant cela, en février 2005, avaient dénoncé les passations de marchés publics et les menaces dont ils étaient victimes dans la wilaya pour ne pas s'être soumis au racket de l'administration locale.