Des dizaines de retraités du secteur de l'éducation nationale risquent de se retrouver du jour au lendemain sans abri. Après de longues années passées au service de l'éduction nationale, ces retraités ne sont pas sûrs de finir leurs vieux jours au chaud. Poursuivis en justice par les inspections académiques de leurs wilayas de résidence, ils sont aujourd'hui sous la menace d'expulsion des logements de fonction qu'ils occupent encore, faute d'un autre toit décent. Ces retraités, qui peinent à subvenir à leurs besoins les plus élémentaires, disent n'avoir pas où aller.Ces logements de fonction constituent leur seule demeure. Mohamed Mokrani, Salah Abderrahmane et Mouloud Mohand Saïd font partie de cette catégorie de retraités qui sont sur le point de revivre la «crise du logement» qu'ils ont subie au début des années 1970. Malgré le poids des ans, ces retraités refusent de se résigner et décident de se défendre en adressant au président de la République leurs doléances. Organisés au sein de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), ces anciens directeurs, intendants et agents de service des établissements scolaires exigent dans une motion votée par l'ensemble des retraités du secteur «l'arrêt immédiat des poursuites judiciaires contre les fonctionnaires retraités occupant des logements initialement de fonction». Si l'affaire de M. Mokrani est au niveau de la cour d'appel et celle de Mouloud Mohand Saïd à la Cour suprême, la justice a bien prononcé un ordre d'expulsion à l'encontre de Salah Abderrahmane et son épouse qui est retraitée du même secteur. Confrontés à la dure réalité, ces retraités de l'éducation demandent l'application de la loi 78/12 et son article 186 : le travailleur, en cas de maladie, d'incapacité ou de mise à la retraite, a la droit de rester dans son logement de fonction ou d'être relogé dans une maison décente. Le bénéfice de ce droit appartient, en cas de décès du travailleur, aux personnes légalement à sa charge. «Sont exclus du champ d'application de ce droit au maintien dans les lieux, les logements de fonction liés au fonctionnement du service et tel que défini dans la réglementation en vigueur», précise-t-on dans le même article. «Nous avons été piégés par ces logements de fonction. Nous avons pris notre retraite sans savoir vraiment où aller. La cessibilité a été appliquée pour les autres secteurs, comme l'enseignement supérieur où le personnel enseignant a pu acquérir des logements de fonction. Mais pas pour nous», souligne M. Mokrani qui n'a pas manqué d'évoquer la santé de plus en plus précaire et le pouvoir d'achat érodé de ces retraités. Outre la question du logement, ils réclament, eux aussi, comme les autres retraités, une augmentation de leurs pensions à hauteur de 30%.