La vieille guerre entre l'Algérie et la France, récemment réactivée par les colons de l'UMP, a pris une tournure médicale. Au centre du conflit, le corps du Président Bouteflika, toujours hospitalisé à Paris depuis maintenant bientôt un mois. La polémique est liée à l'information, comme souvent, et est partie de France : pour le professeur Bernard Debré, chef du service urologie de l'hôpital Cochin, c'est un cancer de l'estomac et donc la fin plus ou moins proche. Pour le professeur Messaoud Zitouni, professeur de chirurgie à Alger, c'est un ulcère opéré avec succès. Qui a raison ? Les deux professeurs ayant été tous les deux ministres, Bernard Debré pour la Coopération et Messaoud Zitouni pour la Santé, leur langue officielle parle pour eux, en ce sens qu'elle ne dit rien que de l'officiel. Restent les bons et les mauvais points à distribuer par les observateurs indépendants. Bon point pour le professeur Debré, il a écrit un livre avec Jacques Vergès, avocat de l'Algérie algérienne. Mauvais point pour le professeur Debré, il est député apparenté UMP. Bon point pour le professeur Zitouni, il a été membre du MTLD, ce qui lui vaut la qualité de révolutionnaire, même s'il est capable de ne rien dire sous la torture. Mauvais point pour le professeur Zitouni, il a été coordonnateur du Conseil national de réforme hospitalière, réforme ayant lamentablement échoué puisque le Président Bouteflika est obligé d'aller en France pour une opération à l'estomac. Vers qui se tourner pour connaître la vérité ? Vers la musique, puisque cheb Mami est la seule personne à avoir vu le Président, vivant et souriant, et à l'avoir communiqué. Les Algériens sont donc rassurés puisque leur Président n'est pas mort. Les Algériens ont néanmoins des raisons de s'inquiéter puisque leurs autorités viennent de nommer un chanteur raï porte-parole officiel du gouvernement.
